Dokument-Nr. 17149

Stromberg, Wolfgang von: [Kein Betreff], 09. Februar 1926

En Allemagne il y a actuellement à peu près 15.000 réfugiés des provinces baltiques. La dernière guerre générale et les grands bouleversements qui s'en suivirent ont entièrement privés de leurs fortunes et possessions et menés à l'indigence tous ces réfugiés de la Baltique, qui jadis avaient vécu dans des conditions aisées. Non seulement leur avoir, mais encore leur patrie leur a été enlevée. Car prenant en considération la direction politique hostile des jeunes Républiques estonienne et lettoise, la permission de retourner dans leurs foyers leur est défendue, à quelques exceptions près. Ainsi, ils sont forcés de continuer comme fugitifs tolérés en Allemagne une vie pleine de privations. Ceux d'entre eux qui sont capables de travailler ont encore pu trouver dans des conditions bien modestes, il est vrai, une possibilité d'existence, tandis que la situation des vieillards et des personnes incapables au travail est devenue désespérante avec le temps. En leur qualité d'étrangers n'appartenant à aucun pays ils ne jouissent d'aucun droit à des subventions quelconques du côté des institutions de bienfaisance officielles de l'Etat ou des Communes.
Depuis une série d'années la Croix Rouge Baltique s'était posée en devoir à réprimer de son mieux la misère croissante de ses compatriotes baltiques, et avec l'aide de Dieu elle avait réussie jusqu'à présent de tant bien que mal trouver les moyens considérables nécessaires à satisfaire aux plus urgents besoins de ces malheureux. En claire prévision du cas d'une catastrophe possible qui aurait pu de prime abord se déchainer sur le sort des vieillards et infirmes, la Croix Rouge Baltique avait appliqué tous ses efforts à
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alléger la misère de ces derniers. Grâce à plusieurs philantropes [sic] généreux, la Croix Rouge Baltique avait gagné la possibilité d'acquérir en 1922 aux alentours de Berlin en propriété une maison dans le but d'y placer de vieux Baltes des deux sexes entièrement appauvris et infirmes qui y sont abrités, nourris et servis gratuitement. A l'aide de collectes et de dons obtenus de donateurs philantropes, les moyens pour l'entretien de cet hospice pour vieillards s'amassaient d'un mois à l'autre. Tout de même le nombre de ces vieillards nécessiteux étant beaucoup plus considérable et ce seul hospice ne suffisant pas à contenter le besoin de ces infirmes, la Croix Rouge Baltique avait créé un second hospice du même genre à Remplin au Mecklenbourg où au château ducal les appartements nécessaires à cet effet ont été cédés à sa disposition gratuitement. Les deux hospices pour vieillards sont administrés de façon qu'une dame directrice de la Croix Rouge Baltique est placée à la tête de chacun d'eux. Les vieilles gens y sont entièrement abrités et nouris [sic] aux frais de la Croix Rouge Baltique qui, en outre, entretient aussi le service nécessaire. Les habitants de ces deux hospices, dont il y a 23 dans chacun à présent, appartiennent à peu près tous à la première intelligence baltique tout à fait appauvrie, ce sont des personnes qui ont tous connu de meilleurs jours et par là même ont essentiellement à souffrir du triste sort qui leur a été réservé. La Croix Rouge Baltique mentionne ce moment social, vu que rien ne peut opprimer l'homme intelligent autant que la nécessité de se soumettre à son vieil âge à des conditions de vie auxquelles les classes sociales inférieures ont de tout temps été accoutumées.
La Croix Rouge Baltique tâche, par conséquent, de ne pas donner le caractère de simples maisons de charité à ses créations, mais
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prend, au contraire, tous les soins pour que les vieilles gens en gardent l'impression d'être reçus dans une fondation de leurs pareils. Les conditions matérielles de ces infirmes reçus dans les deux hospices sont décidément désespérantes, à défaut du secours de la Croix Rouge Baltique ils seraient abondonnés [sic] à une véritable misère.
L'entretien de ces deux hospices revient à la Croix Rouge Baltique à 1.500 Marks allemands chaque mois, qu'elle collectionne auprès de charitables amis et philantropes sur les lieux et à l'Etranger. Il va sans dire que la possibilité de collectionner de si considérables sommes ne peut être continuelle que si les conditions économiques du pays y correspondent. Le revirement, qui a eu lieu en Allemagne par la suite de la crise économique de l'année écoulée a eu ses effets désastreux pour nos collectes aussi. L'épouvantable misère en Allemagne réagit naturellement et en premier lieu sur l'aide efficace portée aux réfugiés infirmes de la Baltique. On peut dire la même chose quant à l'Allemagne, en général, car à present il y a à peine moyen de tirer des cercles épuisés du Commerce, de l'Industrie ou de l'Agriculture allemands des dons de charité. En même temps l'Etranger, avant tous les Etats Unis, la Hollande, la Suède qui jusque là nous avaient considérablement soutenus, ont suspendu cette aide, prétextant que les conditions économiques dans les pays de l'Europe étant généralement réduites, l'Amerique va arrêter son activité philantropique en Europe. Cette situation catastrophale mène la Croix Rouge Baltique vers l'épouvantable possibilité de ne plus pouvoir maintenir les hospices pour ces vieillards. Leur clôture équivaudrait à une misère affreuse pour ces derniers
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qui virent encore dans l'espoir que leurs derniers jours soient matériellement assurés. Moyennant de petites collectes, arrangements de réunions et autres la Croix Rouge Baltique a pu durant l'année écoulée tant bien que mal pourvoir d'une semaine à l'autre, d'un mois à l'autre aux dépenses nécessaires pour ses hospices. Mais ces pénibles ressources aussi menacent à s'épuiser.
Néanmoins, la Croix Rouge Baltique confiant dans la bonté du Toutpuissant ne lassera pas de continuer son œuvre et appliquera jusqu'aux dernières limites ses efforts de pourvoir aux besoins de ses infortunés.
Empfohlene Zitierweise
Stromberg, Wolfgang von, [Kein Betreff] vom 09. Februar 1926, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 17149, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/17149. Letzter Zugriff am: 20.04.2024.
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