Dokument-Nr. 3283

[Ritter zu Groenesteyn, Otto Freiherr von]: Memoriale assolutamente confidenziale e personale per S. E. Mgr. Pacelli1, vor dem 25. November 1921

(Copia)
D'après les journaux le Gouvernement Central de l'Allemagne, en s'apprêtant à entrer en négociations concordataires aurait exprimé le désir que le Concordat à conclure avec l'Empire, non seulement s'étenait [sic] sur tous les Etats Fédéraux de l'Allemagne mais qu'il format aussi une espèce de cadre pour le Concordat Bavarois.
Ce désir provient du fait que le Gouvernement de l'Empire ne voudrait pas concéder à la Prusse un Concordat spécial et que par conséquent la Prusse de son coté tient à ce que le Concordat Bavarois soit mis d'une manière ou d'une autre en rapport formel avec le Concordat de l'Empire.
Ce ne sont donc pas précisément les intérêts pour l'Eglise qui dictent ce désir. Il correspond plutôt à une tendance politique qui vise à l'unitarisme et ainsi à la suppression des droits de la Bavière et à l'affaiblissement de son importance pour les questions catholiques en Allemagne.
Le Gouvernement de Bavière est tout à fait contraire à ces idées. Il désire avoir un Concordat qui soit juridiquement et formellement indépendant du Concordat avec l'Empire et qui lui laisse vis-à-vis de l'Empire pleine liberté pour ses intérêts religieux.
En voici les raisons:
1) La Bavière veut conserver les relations directes et indépendantes avec le Saint Siège telles quelles se sont développées en fa-
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veur de l'Etat et de l'Eglise dans le cours des siècles et ont trouvé une base juridique dans le Concordat de 1817.
2) La Constitution de l'Empire n'est pas contraire à la conclusion d'un nouveau Concordat entre la Bavière et le Saint Siège. Le Gouvernement de l'Empire s'est prononcé dans ce sens en déclarant formellement au Nonce Apostolique de Munich.
Qu'il approuvait la conclusion d'un Concordat Bavarois pourvu que celui-ci ne se mit pas matériellement en contradiction avec la Constitution de l'Empire et
que les lois ultérieures de l'Empire ne porteraient pas atteinte aux droits fixés dans ce Concordat.
3) La Bavière a une organisation ecclésiastique différente de celle des autres Etats de l'Empire et elle tient à la conserver indépendamment d'un Concordat à conclure avec l'Empire.
4) La Bavière est entre les Etats Fédéraux les plus importants de l'Allemagne le seul qui ait une grosse majorité catholique. Elle a toujours été en Allemagne le champion du catholicisme. Ce rôle lui serait rendu plus difficile si par suite d'une fusion du Concordat Bavarois avec le Concordat de l'Empire les mains lui étaient plus ou moins liées pour les questions religieuses.
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5) Aujourd'hui plus que jamais il y a des questions de haute importance, comme par exemple la question scolaire, qui méritent d'être réglées de commun accord entre l'Etat et l'Eglise. Le Gouvernement de Bavière le reconnait tandis que d'autres Gouvernements en Allemagne ne sont pas de cet avis.
6) Depuis que le Gouvernement de l'Empire poursuit l'idée d'unir le Concordat Bavarois au Concordat de l'Empire il est à craindre qu'il ne cherche aussi à exercer une influence contraire aux désirs du Gouvernement de Bavière sur le cours des négociations à Munich. Il pourrait s'en suivre des complications fâcheuses et dangereuses même pour la conclusion du Concordat avec la Bavière.
7) Un trait d'union entre les deux Concordats, n'importe lequel et qu'il ne soit que formel, toléré par le Saint Siège exposerait la Bavière au danger d'être englobée dans les péripéties des relations de l'Eglise avec l'Empire qui en grande majorité est protestant. Les idées socialistes contraires à l'Eglise sont bien plus fortes et bien plus répandues dans le Nord de l'Allemagne qu'en Bavière. Le Gouvernement Bavarois est pour le moment le seul en Allemagne qui ne se compose pas de socialistes.
8) Du moment où les relations juridiques entre la Bavière et le Saint Siège n'auraient plus le caractère d'une parfaite indépendance il serait aussi à craindre que le maintien des relations diplomatiques entre la Bavière et le Saint Siège auxquelles la Bavière
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attache le plus grand prix, ne soit mis en question.
Il est à croire que ces arguments qui envisagent tout autant les intérêts de la Bavière que de l'Eglise, se rencontrent avec les désirs du Saint Siège. Différentes manifestations du Saint Père en faveur d'une prompte conclusion d'un Concordat avec la Bavière et du maintien de la Nonciature à Munich en sont un indice.
Dans le cas où le Gouvernement de l'Empire proposerait au Saint Siège d'unir d'une manière ou d'une autre le Concordat Bavarois au Concordat de l'Empire ce plan devrait échouer si le Nonce Apostolique était à même de répondre que le Saint Siège, en tenant compte des déclarations faites à Monseigneur Pacelli par le Gouvernement de l'Empire, ne reconnaissait pas la nécessité de compromettre par une union avec le Concordat de l'Empire l'indépendance juridique et formelle d'un Concordat Bavarois que le Saint Siège désirerait voir maintenue pour continuer de la même manière comme au paravent les relations concordataires qui pour le bien de l'Eglise et de l'Etat l'unissaient de longue date à la Bavière.
1Betreff hds. von unbekannter Hand, vermutlich von einem Mitarbeiter des Staatssekretariats, in blauer Farbe eingetragen.
Empfohlene Zitierweise
[Ritter zu Groenesteyn, Otto Freiherr von], Memoriale assolutamente confidenziale e personale per S. E. Mgr. Pacelli vom vor dem 25. November 1921, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 3283, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/3283. Letzter Zugriff am: 28.03.2024.
Online seit 14.05.2013, letzte Änderung am 10.03.2014.