Dokument-Nr. 4758
[Ferdinand I. von Bulgarien] an Benedikt XV.
Sophia, 20. September 1917

Très Saint Père,
Nous avons accueilli avec la plus respectueuse déférence l'appel que Votre Sainteté, fidèle à Sa mission Divine, envoie aux Chefs des Etats belligérants pour les convier à mettre fin aux effusions de sang et à rendre les bienfaits de la paix à l'humanité tant éprouvée.
Profondément ému de la sollicitude paternelle dont s'inspire cette nouvelle démarche empreinte d'amour et de charité, Nous avons entendu, avec un recueillement filial, la voix de Votre Sainteté s'élever en faveur de la paix et de la fraternité des peuples. Depuis trente ans que la Providence Divine Nous a appelé à gérer les destinées du peuple bulgare, Nous n'avons à aucun moment perdu de vue les lourdes responsabilités que cette tâche suprême Nous impose devant Dieu et devant les hommes, et Notre désir le plus ardent a toujours été de donner à ce peuple le moyen d'avancer paisiblement dans la voie du progrès, en paix et en bonne intelligence avec les autres nations. Conscient de Notre devoir, Nous n'avons jamais manqué de prendre en considération les circonstances qui auraient pu hâter
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la fin de cette guerre dont l'horreur n'a pas de précédent.
Poussé par les mêmes mobiles, Notre Gouvernement, d'accord avec les Gouvernements de Nos Alliés, adressa, en décembre 1916, aux Puissances qui combattent contre Nous, un appel connu de Votre Sainteté et destiné à rétablir la paix dans les rapports internationaux. Depuis lors, comme avant, aidé de Notre Gouvernement, Nous avons sans cesse mené de front le souci d'assurer l'unité du peuple bulgare et le désir de donner à la Bulgarie les bienfaits de la paix ; aussi croyons-Nous, avec Votre Sainteté, que la conclusion d'une paix durable et susceptible d'assurer ces bienfaits ne sera possible que si les Gouvernements se mettent d'accord sur les mesures proposées par Votre Sainteté dans ce but. La violence dans les rapports internationaux cédera le pas au Droit et à l'Equité lorsque, pénétrés des sentiments humanitaires de Votre Sainteté, les Etats se seront entendus pour réduire simultanément leurs forces armées et pour adopter la procédure de l'arbitrage obligatoire dans tous les litiges internationaux, c'est-à-dire lorsque les Etats auront rendu obligatoire entre eux cette même législation qui régit les rapports privés de leurs sujet.
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Partant de cette conviction et soutenu en cela par Notre Gouvernement, Nous appuierons de toute Notre énergie chaque proposition semblable qui ne sera pas contraire aux intérêts vitaux de la Nation Bulgare et à son unité.
Sise au centre de la Péninsule des Balkans, baignée par la mer à l'Est et au Sud, répondant à toutes les conditions requises pour son développement économique, la Bulgarie qui s'inspire du principe de la liberté des mers, grâce auquel elle pourra assurer sa prospérité, n'a aucune raison de ne pas souhaiter que la haine qui divise les peuples soit domptée, anéantie par la paix, une paix fondée sur l'entente et la modération réciproques, une paix qui garantisse à tous les peuples les progrès, en sauvegardant l'aspiration naturelle de tous vers plus de liberté et plus de bonheur, en excluant tous les germes de nouvelles dissensions et de catastrophes semblables à celles que nous vivons.
Comblé de satisfaction en constatant que, dans l'expression que Nous venons de leur donner, Nos intentions concordent avec la volonté du Saint-Siège; Nous inspirant en outre du désir de vivre en paix et en concorde avec tous les Peuples, Nous souhaitons de tout cœur que l'œuvre sublime entreprise par Votre Sainteté soit couronnée du triomphe
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les plus éclatant et que la Sagesse Divine inspire et éclaire en ces temps décisifs Ceux qui dirigent les destinées des Nations si cruellement éprouvées par les horreurs de la guerre.
En réclamant tant pour Nous que pour Notre Maison Royale le bienfait de Ses prières et Sa bénédiction apostolique, Nous sommes,
Très Saint Père,
de Votre Sainteté
le Fils très respectueux
Ferdinand
Empfohlene Zitierweise
[Ferdinand I. von Bulgarien] an BenediktXV. vom 20. September 1917, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 4758, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/4758. Letzter Zugriff am: 24.04.2024.
Online seit 24.03.2010.