Dokument-Nr. 6661
[Kein Betreff], vor dem 28. Februar 1918
Je sais que parmi ceux qui sont allés sur le front dans ces conditions se trouvait le fils d'un de mes amis d'une des premières familles de Lille, jeune homme très intelligent qui a été assez près pour pouvoir distinguer les Anglais en face de lui.
Or, comme la France et l'Angleterre se sont mises d'accord pour éloigner les prisonniers militaires réciproques à 30 kilomètres au moins du front, il va de soi "a fortiori" que les civils doivent bénéficier des mêmes dispositions; ils le doivent d'autant plus qu'en fait ils ne devraient pas être employés de cette manière.
J'ajouterai que les malheureux qu'on force à travailler continuent à être soumis aux pires traitements s'ils refusent de se plier à tout ce qu'on leur demande. On les place dans des caves où ils ont de l'eau jusqu'aux genoux; le soir on les retire et on les y remet le lendemain matin. D'autres sont attachés au bord de la rivière en plein soleil pour subir le supplice de la soif.