Dokument-Nr. 10446
[N. N.] an Bayerischer Landesverband des Katholischen Frauenbundes
[Cuers], vor dem 30. April 1921

[Übersetzung]
Sur la demande du juge d'instruction à... le prisonnier de guerre allemand...évadé de Cuers le 18 Juin 20 a fait le rapport suivant:
Traduction:
1) Nous avions espéré que le rapatriement des autres prisonniers de guerre au printemps 1920 amènerait une amélioration à notre situation. C'est le contraire que nous éprouvâmes. Dans le dépôt de Cuers nos tourments furent augmentés par une révision du camp qui durait du matin 7 h. jusqu'à 3 h. du soir et qui avait lieu chaque dimanche, jour destiné à notre repos. Le résultat de cette révision a été que non seulement nous étions privés de nourriture ce jour là mais que tous nos effets furent visités, nos lits défaits, et que le toit en cartonnage de notre baraque fut arraché. Le carton n'a pas été renouvelé et depuis ce temps il n'y a plus eu un coin dans notre baraque qui demeurait sec s'il pleuvait en dehors. Nos couvertures et nos lits était également mouillés et durant les nuits de pluie nous ne pouvions dormir, mais étions obligés de nous tenir debout.
2) Du reste il n'était pas question de repos dans ces baraques remplies de punaises et de puces qui suçaient notre sang. Sur notre prière répétée de remédier à cet état de choses, nous reçûmes de l'adjudant la réponse suivante: "Les réponse1 étables sont encore trop bonnes pour des cochons allemands". Quand j'ai pris la fuite en Juin 1920 rien encore n'était changé.
3) De même la nourriture était alors exécrable. Malgré notre dur travail nous ne recevions le matin qu'un demi-litre de riz, un litre de riz à midi et une portion le soir. Ce riz été cuit à l'eau sans aucun assaisonnement, rarement on nous accordait du sel. Je puis dire que les cochons sont mieux nourris que nous ne l'étions.
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Les conditions sanitaires étaient de même terribles. Le puits qui fournissait de l'eau pour la cuisine se trouvait éloigné de mois de 10 m de la latrine servante aux nécessités de 200 hommes. L'eau était jaune et avait une mauvaise odeur. A la suite de prières répétées l'eau du pui2 puits fut enfin examinée par un médecin de la marine française. Il va sans dire qu'elle fut déclarée bonne.
5) La prison du camp mérite avant tout d'attirer l'attention. Ce bâtiment érigé spécialement pour nous contient à peu près 16 cellules. En été il fait tellement chaud dans ces cellules, qu'on n'y peut substituer qu'étant complètement nu. Il n'y a ni fenêtres ni ventilation, l'air ne pénètre que travers le trou de la serrure. La cellule est complètement sombre et celui qui l'habite, ignore s'il fait nuit ou jour. Les détenus deviennent presque fous au bout de quelques jours. Plusieurs camarades avaient l'aspect de cadavres vivants après y avoir passé 6 jours. Une terrible odeur est répandue dans ces cellules car les détenues sont obligés d'exécuter leurs fonctions naturelles dans les boîtes de conserves. Moi-même j'ai passé plusieurs jours dans une cellule et j'y suis devenu presque fou.
6) On est enfermé dans ce bâtiment pour la plus légère infraction. Vers la Pentecôte 1921 plusieurs camarades furent mis aux arrêts n'ayant pas su répondre à l'adjudant faute de connaître le français. Une réclamation ayant été faite à ce sujet, il en résultait une alarme et nous fûmes pu3 poussés dans nos baraques à coups de crasses et de baïonnettes. Tout fut fermé à clef. L'adjudant tira trois fois dans les baraques. La prison fut tellement bondée que les cellules qui n'offraient plus de place que pour un détenu en contenaient maintenant 5. Le jour de la Pentecôte fut employé à visiter les baraques. L'adjudant fit annoncer qu'il savait très bien que nous étions en possession d'un atelier d'armes et que nous fabriquions des mitrailleuses. Cet homme est complètement fou au témoignage
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des français eux-mêmes. Il enferme parfois son chien et ne lui donne aucune nourriture durant trois jours afin de les punir de lui avoir obéi4 désobéi. Et à un aliéné pareil on confie la garde de prisonniers.
7) Le cas suivant démontre pourquoi les prisonniers n'osent proférer des plaintes graves sur le traitement subi lors des visites au camp par des délégués allemands ou étrangers. La veille du jour où l'on attendait la visite d'un délégué suisse, l'adjudant se présenta devant nous, armé d'un révolver, et demanda si quelqu'un avait à réclamer, il pourrait le faire aujourd'hui. Aucun n'osa sortir des rangs pour porter une plainte car nous le connaissions trop bien. Le jour suivant il fut impossible de parler seul au délégué, l'adjudant étant sans cesse à ces côtés et l'ayant prévenu contre nous.
Voilà la situation. Je l'ai décrite exactement dans l'espoir d'améliorer le sort des malheureux camarades qui sont encore retenus au camp des Cuers.
Lettre du juge d'instruction…
Traduction: Il s'agit d'environ 300 prisonniers de guerre allemande qui ont été condamnés par des tribunaux militaires français et dont la libération a été refusées par le gouvernement français malgré les requêtes répétées de la part du gouvernement allemand. Ces hommes ne sont pas des malfaiteurs. On lit dans une note officielle allemande:
"Bien qu'il se trouve parmi ces condamnés quelques uns qu'on peut désigner comme criminels, on peut admettre que les délits du plus grand nombre d'entre eux trouvent leur explication dans le fait même de leur condition comme prisonniers de guerre. (Insubordination envers leurs chefs moyens recherchés afin de faciliter ou de poursuivre leur fuite, délits causés par la faim). "Ce sont donc en grande partie des hommes qui pour pouvoir fuir ont endomage5 volé des habits civils ou de vivres, et qui dans ce but ont endommagé leur cellule ou bien qui se sont défendus contre
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ce mauvais traitements. C'est pour punir ces actes qu'ils ont été condamnés aux peines les plus sévères et de la plus longue durée. Comme exemples peuvent servir les cas suivants: "Un homme a été condamné à 15 ans de travaux forcés pour avoir procuré des papiers afin de préparer une fuite, un autre qui avait fait un petit trou dans sa cellule au moyen d'un cuiller a eu 10 ans de prison. Un homme 5 ans de prison pour avoir dérobé pendant sa fuite une bouteille de vinaigre et de l'huile et une bite de lait condensé. Avec 5 ans de prison a été puni un homme qui lors de sa fuite avait dérobé 5-7 pommes de terre.
41r, masch. unterhalb des Textes eingefügt: "D'après les dernières nouvelles le nombre de ces prisonniers serait restreint à 187 hommes".
1Masch. gestrichen.
2 Masch. gestrichen.
3Masch. gestrichen.
4 Masch. gestrichen.
5Masch. gestrichen.
Empfohlene Zitierweise
[N.N.] an Bayerischer Landesverband des Katholischen Frauenbundes vom vor dem 30. April 1921, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 10446, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/10446. Letzter Zugriff am: 25.11.2024.
Online seit 14.05.2013.