Dokument-Nr. 16297

[Skoropadskyj, Pawlo Petrowitsch][Montrésor, Adam Graf von][Berg, Ludwig]: L'Eglise Catholique-romaine en Ukraine. Berlin, vor dem 16. April 1926

La Révolution Russe en affranchissant bien des peuples de l'Empire de Russie, en laissa d'autres, moins heureux, qui se trouvant subjugués par le gouvernement bolcheviste de Moscou, n'ayant obtenu que les vestiges d'une liberté fictive.
Au nombre de ceux-ci se trouve le peuple ukrainien – environ 35 millions de population (90% d'agriculteurs), dont le territoire des plus riches et des plus fertiles enclave les côtes – nord de la Mer Noire, s'étendent des Carpathes [sic] au Kouban.
Ce pays, fédéré à la Moscovie en vertu du Traité de Pereïaslav (1654) qui lui garantissait le développement libre de ses institutions nationales – Hetman électif à la tête – ne put s'opposer à l'impérialisme militant russe et, peu à peu, fut privé de tous ses droits et privilèges. Les restrictions dépassèrent toutes mesures et c'est ainsi qu'un Oukase Impérial (1876) interdisait jusqu'à la parole imprimée.
Au moment de la révolution bolcheviste russe (1917) l'Ukraine, exempte d'extrémisme, se mit se mit 1 en opposition ouverte aux tendances unificatrices russes et ultra-révolutionnaires et, de ce chef, se proclama État indépendant et souverain.
Il n'en fallut pas plus. Les hordes rouges inondèrent le pays. Ici commence la lutte héroïque du peuple ukrainien pour sa liberté. Ses hauts et ses bas aboutirent à une retraite des armées ukrainiennes ou chaque arpent de terre fut cruellement disputé à l'envahisseur rouge et à une évacuation de la troupe.
A notter [sic] qu'en avril 1918 fut proclamé par une assemblée de groupements d'agriculteurs – aux neuf-dixièmes paysans – la res-
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tauration en Ukraine du "Hetmanat", ancienne forme de gouvernement national. La majeure partie des paysans et petits propriétaires fonciers de l'Ukraine étaient organisés en ces groupements, qui représentaient ainsi les intérêts vitaux du pays.
Chaque lutte, surtout celle où sont atteints la fierté et la dignité d'une nation, outragée par l'usurpateur, ne saurait avoir d'autre fin que le triomphe du droit sur la force, aussi les revers essuyés par le mouvement national ukrainien n'ont pas un instant découragé ses leaders qui ont préféré l'exil a la soumission au vainqueur temporaire.
L'occupation bolcheviste ayant triomphé, bon nombre d'agriculteurs prirent le chemin de l'exil et c'est en émigration qu'ils reprirent et continuent leur travail politique, marqué en premier lieu par la création d'un centre politique ukrainien.
Ce Centre est le seul qui ne soit compromis par des engagements pris à la légère; à sa tête se se 2 trouve le Hetman Paul Skoropadsky dont le nom se rattache à l'existence en 1918 de l'État Ukrainien – seule période de travail productif que connût l'Ukraine depuis la révolution russe. – La meilleure part des groupements nationaux ukrainiens s'est ralliée autour du Hetman Skoropadsky. Ils sont soutenu par tous les éléments territoriaux ukrainiens, c.a. [sic] dire par ceux qui ont subit l'influence de la culture russe tout aussi bien que ceux qui ont subit l'influence polonaise et catholique. Ce centre se trouve actuellement à la tête du mouvement national ukrainien, ayant rallié la meilleure partie de ses représentants: agriculteurs, intellectuels, militaires, étudiants &cet. Grâce à la largeur de ses vues et à ses tendances démocratiques qui lui permettent de fondre le principe du régime hetmanal - synthèse
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de la tradition nationale – avec un programme d'activité libéral et tolérant.
La Pologne, craignant de perdre un terrain d'expansion future à l'Est de ses frontières politiques – ce qui arriverait nécessairement dès qu'un état national ukrainien y serait fondé – ne peut pas envisager impassiblement le prestige croissant du Hetman Skoropadsky. C'est pourquoi elle voudrait lui faire perdre tout crédit en ridiculisant le principe-même du Hetmanat. A ses fins elle se sert de groupements pseudo-monarchistes et de "candidats" divers au pouvoir hetmanal. Il en est de même en ce qui concerne les monarchistes russes, que l'idée d'un état ukrainien semblerait menacer.

Les trois religions principales en Ukraine sont représentées par les Églises: Orthodoxe, Grecque-Unie et Catholique-romaine. La sconde [sic] est dominante en Galicie-orientale (pays ukrainien actuellement occupé par la Pologne), la première en Grande-Ukraine où l'Église Catholique-romaine a un grand nombre d'adeptes et où son influence est fondée depuis des siècles.
En matière religieuse le Centre politique susdit est imbu de tolérance et se trouve partisan déclaré du libre développement de toute Église Chrétienne tout aussi bien que de l'idée que l'état doit leur assurer appui et protection, profitant de leurs auspices ainsi que de leur autorité morale.
Par rapport à l'Église Catholique et en ce qui la concerne, il est juste d'attirer une attention toute particulière sur ce qui suit.
a) Jusqu'ici l'Église Catholique-romaine eut pour représentants
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en Ukraine le Clergé polonais; cet état de choses lui a fait un tort immense, étant donné les tendances chauvinistes polonaises de ce clergé, qui se servait de l'Église afin de soutenir et propager le nationalisme polonais. Ainsi les termes de "catholique" et de "polonais" y sont devenu synonymes ou presque.
b) Vu l'inimicité de la population envers la Pologne, cette ligne de conduite des représentants de l'Eglise Catholique na saurait assurer 3 Lui assurer un développement normal et continu en pays Ukrainien. - Tout le contraire: l'inimicité nourrie contre la Pologne retombe sur le Catholicisme, grâce à ses formes extérieures polonaises qui ne lui ont fait que beaucoup de tort.
c) Il serait de la plus urgente nécessité que les représentants du clergé catholique soit exempte de tendances polonisatrices et, qu'au contraire, cette Église soit revêtue du caractère national ukrainien. - Le risque d'une lutte politique au cas contraire serait imminent. Son autorité morale, comme celle de toute Église doit s'élever bien au dessus de ces mêlées, qui n'auraient pour résultat final que son affaiblissement. Les collisions avec la population l'amèneraient bien vite à d'autres avec l'état; c'est ce qu'il faut éviter à tout prix. -
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L'Église Orthodoxe d'Ukraine diffère en beaucoup de l'Église Orthodoxe Russe.
Son contacte avec l'Église Catholique ne fut affaibli qu'après l'annexion de l'Ukraine à la Moscovie et après l'abolition du patriarchat [sic] orthodoxe, abolition qui, peu à peu, la rendit instrument docile du gouvernement russe, ennemi de Rome, qui s'en servait pour atteindre ses vues politiques.
Affranchie de la suprématie de Pétersbourg et de Moscou, l'Église Orthodoxe Ukrainienne tend à se séparer et à reprendre le cours normal de son développement dont elle dévia, cédant à la force, au début du XVIII-e siècle.
Cette Église traverse actuellement une crise aigüe.
Point de doute qu'elle ne subisse une influence bienfaisante de l'Église Catholique, laquelle par sa discipline admirable, son haut idéalisme religieux et la dématérialisation de ses vues saura lui servir d'exemple à condition qu'elle soit affranchie de toute influence polonaise. -

Le but poursuivi par les ukrainiens catholiques-romains, membres du Centre politique susdit, serait, – en ce qui concerne la question religieuse en Ukraine, - d'entrer en relations permanentes et suivies avec des représentants du Saint-Siège afin de pouvoir, sous ses auspices, soutenir la cause du Catholicisme en Ukraine et préparer d'avance des bases solides et inébranlables à son développement et à son influence. - Il leur semble dès à présent tout indique d'attirer une attention particulière sur ce qui suit:
A) que le régime hetmanal est celui vers lequel l'Ukraine
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tend organiquement et qui devra, de telle ou autre façon, y triompher finalement;
B) qu'il se présente, dès à présent la nécessité urgente de préparer des cadres d'une hiérarchie Catholique-romaine ukrainienne capable de remplacer au fur et à mesure le clergé polonais, d'ailleurs actuellement fort peu nombreux, grâces 4 au persécutions religieuses bolchevistes;
C) qu'il est indiqué de soustraire cette hiérarchie à toute influence polonaise, exrcée [sic] par le clergé catholique-romaine polonais, vu que cette influence s'est toujours prononcée au détriment du Catholicisme en Ukraine et en fait à sa cause dans le passé immensément de tort.
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Appendice
au memorandum
L'Église Catholique-romaine en Ukraine
I) Les éléments nationaux Ukrainiens (orthodoxes, grecques-unis et catholiques-romains) ont éliminés un centre politique, qui se trouve à la tête du mouvement national, personnifié par le Hetman Paul Skoropadsky.
II) Des représentants de ce centre et des ramifications organisatrices se trouvent dans tous les pays de l'Europe et de l'Amérique ou les émigrés d'Ukraine sont tant soit peu nombreux: ainsi en Allemagne, en France. [sic] en Tchécoslovaquie. [sic] en Pologne. [sic] en Roumanie. [sic] en Bulgarie au Canada et aux États-Unis de l'Amérique.
III) Outre les groupements d'agriculteurs (Soïouse de Khliborobes) ce centre dispose d'organisations d'étudiants, de militaires et d'intellectuels. 137 organisations sportives militarisées Ukrainiennes, nommées "Sitch", actives au Canada et aux États-Unis ont reconnu comme Chef Suprême le hetman Skoropadsky. La majorité écrasante des membres de ces dernières organisations sont de religion Grecques-Unis.
IV) Des représentants de ce Centre se trouvent sur territoire Ukrainien, ainsi le contact avec le pays n'est pas interrompu, ce qui permet de donner les directives nécessaires.
V) En fait de littérature ce centre édite un annuaire, "Khliborobska Ukraina", paraissant depuis 1921 à Vienne, traitant les questions idéologiques et d'organisation, et fait paraître périodiquement diverses feuilles et brochures concernant des questions particulières. Ces éditions en Amérique sont: la "Sitch", et l'"Amérique", hebdomadaires (Chicago, Philadelfia [sic]) ainsi que des séries de brochures. Sous l'occupation polonaise, en Volhynie et en Galicie, la collaboration des journaux "Hromadska Doumka" (Loutzk) et "Oukrainsky Holoss" (Peremychle) - est assurée. -
1Hds. von unbekannter Hand, vermutlich vom Verfasser, gestrichen.
2Hds. von unbekannter Hand, vermutlich vom Verfasser, gestrichen.
3Hds. von unbekannter Hand, vermutlich vom Verfasser, gestrichen.
4Hds. von unbekannter Hand, vermutlich vom Verfasser, gestrichen.
Empfohlene Zitierweise
[Skoropadskyj, Pawlo Petrowitsch], L'Eglise Catholique-romaine en Ukraine, Berlin vom vor dem 16. April 1926, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 16297, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/16297. Letzter Zugriff am: 25.04.2024.
Online seit 29.01.2018.