Dokument-Nr. 16354
Salm-Reifferscheidt-Dyck, Franz von an Pacelli, Eugenio
Köln, 01. Oktober 1926

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J'ai l'honneur de faire appel aux sentiments de haute bienveillance que Votre Excellence ne cesse de témoigner aux catholiques allemands, pour vous exposer un litige, qui depuis de longues années déjà exerce une influence peu favorable sur les relations qui existent entre la Custodie de Terre Sainte et la Société allemande de Terre Sainte, dont j'ai l'honneur d'être le Vice-président.
Cette Société possède une propriété assez grande aux bords du lac de Tibériade. Les titres de propriété sont reconnus par les tribunaux. La Société allemande a établi dans cette propriété un hospice, dans lequel elle reçoit et héberge de nombreux pèlerins. Son désir est de cultiver cette terre et de vivre en paix et amitiés avec ses voisins.
Dans cette propriété il y a un sanctuaire, la Mensa Christi, où, d'après la Tradition, a eu lieu la multiplication des pains et d'où Notre Seigneur a envoyé ses disciples. Depuis longtemps nos voisins, les Pères Franciscains prétendent que ce sanctuaire leur appartient. Maintes fois ils ont essayé de rectifier les limites, soit en démolissant les murs de séparation, soit en détournant des cours d'eau, afin que le Sanctuaire fasse partie intégrante de leur domaine.
Ils ont renouvelé leurs tentatives au commencement de cette année, comme il ressort d'un jugement, que j'ai l'honneur de joindre à ma lettre.
Notre représentant en Palestine, le R.P. Dunkel s'est plaint à ce sujet, auprès du juge de paix de Tibériade. La plainte fut portée contre des laics que le P. Dunkel connaissait et qu'il savait être les exécuteurs des ordres des R.R. P.P. Franciscains. Les laics ayant avoué leur faute, en rendirent en effet responsables le R.P. Gabino et le R.P. Gassi de la Custodie de Terre Sainte. Le tribunal civil aurait poursuivi forcément les Pères Franciscains, si la Société allemande n'avait pas retiré sa plainte, pour éviter, non seulement un scandal [sic], mais aussi des complications inévitables entre le Saint Siège et le gouvernement de Palestine et par suite aussi entre le Saint Siège et le gouvernement anglais. Cependant elle y mit la condition expresse que les deux parties soumettraient le litige à un tribunal ecclésiastiques et accepteraient sa décision.
Or il résulte du jugement ci-joint du dit tribunal, que la Custodie refuse de se soumettre à la procédure ecclésiastique. Le jugement constate que la Custodie sur un point substantiel rompt ainsi la convention intervenue entre les deux parties et cela au
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grave détriment du P. Dunkel, qui était fondé à escompter une sentence favorable. Le tribunal décide en conséquence que le P. Dunkel est libre de reprendre son procès devant les tribunaux civils.
La Société allemande ne voudrait cependant pas s'autoriser de ce jugement d'un tribunal ecclésiastique, pour reprendre le procès devant le tribunal civil, sans avoir obtenu auparavant le consentement du Saint Siège. Elle se rend trop bien compte des graves difficultés en matière de jurisdiction [sic] et de compétence qui surviendrait à l'occasion de ce procès entre le Saint Siège et les gouvernements palestinien et anglais, pour ne pas se demander, si en dehors de ce procès devant le forum civil, il n'existe pas d'autres moyens pour elle d'obtenir son bon droit. Ne serait-il par exemple, pas possible, de faire savoir à la Custodie, que le Saint Siège désire qu'elle se soumette [sic] au tribunal ecclésiastique et accepte sa sentence? Il me semble que ce serait le moyen le plus simple, et le plus rapide pour terminer ce litige, qui a déjà trop longtemps duré. Si ce moyen n'était pas praticable, il faudrait bien soumettre toute la question au jugement de Rome. Mais cette procédure serait tellement compliquée et coûteuse, que dans l'intérêt des deux parties il me semble préférable de n'y avoir recours qu'à la toute dernière extrémité.
Dans ce qui précède, j'ai eu l'honneur d'exposer à Votre Excellence l'état actuel de la question litigieuse et ma façon d'envisager la solution qui est aussi celle du comité de la Société.
Avant de prendre une décision définitive la Société allemande de Terre Sainte serait heureuse, de connaître l'avis de Votre Excellence et si possible l'angle sous lequel le Saint Siège envisage la question, car la Société, à la recherche de son droit, ne voudrait à aucun prix causer des difficultés à ce Saint Siège qui lui a donné tant de preuves d'une bienveillance toute paternelle.
D'avance je remercie Votre Excellence de tout ce qu'elle voudra bien faire pour hâter la fin de ce litige déplorable. Cette fin ramènera la paix et la tranquillité dans notre propriété aux bords du lac de Tibériade, sanctifiée par le séjour de Celui que nous appellons [sic] le Prince de la Paix.
Daignez agréer, Moneigneur [sic] le Nonce, l'honneur de mon profond respect.
(sig.) Prince de Salm-Reifferscheidt
Empfohlene Zitierweise
Salm-Reifferscheidt-Dyck, Franz von an Pacelli, Eugenio vom 01. Oktober 1926, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 16354, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/16354. Letzter Zugriff am: 24.04.2024.
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