Dokument-Nr. 1727
Sangnier, Marc an [Pacelli, Eugenio]
Paris, 24. August 1927
J'ai l'honneur de vous annoncer que le VIIème Congrès démocratique international pour la Paix aura lieu dans quelques jours à Wurtzbourg, en Bavière, du 3 au 7 septembre. Il sera suivi d'importantes manifestations à Francfort, à Mannheim et à Carlshrue [sic], auxquelles les autorités officielles allemandes, dans chacune de ces villes, donneront leur concours, de même que, l'année dernière, en France, les autorités françaises, dans toutes les villes que traversèrent les congressistes, contribuèrent activement au succès du VIème Congrès. Je crois donc, Excellence, que le Congrès de Wurtzbourg aura une très profonde et très utile répercussion sur les relations internationales, notamment entre la France et l'Allemagne.
Bien entendu, les congressistes catholiques se feront, une fois encore, une joie et un honneur de se retrouver dans une cérémonie religieuse pour y prier aux intentions du Souverain Pontife et de lui adresser, à cette occasion, l'hommage de leur indéfectible dévouement et de leur respecteuse admiration pour ses direction si opportunes et ses si fécondes initiatives en faveur de la paix; ils osent espérer que, cette année comme lors des six premiers Congrès, ils auront la grande consolation de recevoir les encouragements et la bénédiction du Saint-Père.
15v
Toutefois, Mgr l'évêque de Wurtzbourg a bien voulu, dans
une lettre toute paternelle qu'il m'adresse et qui atteste l'intérêt qu'il prend à la cause
défendue par nous, me signaler que sa participation personnelle se trouverait contrariée du
fait que le secrétariat allemand a confié l'organisation pratique du Congrès à une personne
dont l'activité politique et l'attitude même vis-à-vis du chef du diocèse sont blâmées par
Sa Grandeur.J'ignorais complètement jusqu'ici, Excellence, cette situation que je regrette vivement, et je m'empresse d'annoncer à Mgr. l'évêque de Wurtzbourg que le Congrès ne saurait, bien entendu, prendre la responsabilité de l'activité politique personnelle d'aucun de ses membres; qu'il se place, d'ailleurs, en dehors de l'action des partis politiques; qu'au surplus cette personne est chargée des questions d'organisation toute pratique, tandis qu'un Comité, que je préside, et dont les vice-présidents catholiques sont M. le député Joos, pour l'Allemagne, et M. le sénateur Carnoy, pour la Belgique, prend seul la responsabilité et a seul le patronage du Congrès.
J'espère, Excellence, que cette malencontreuse coincidence ne privera pas les nombreux catholiques accourus à Wurtzbourg de tant de nations, pour assister au Congrès, des encouragements du Saint-Père. Si, pourtant, Mgr l'évêque voyait un inconvénient à ce que la dépêche de Sa Sainteté fût envoyée directement à Wurtzbourg, j'ai pensé que nous pourrions peut-être profiter de ma participation, avec quelques-uns des congressistes de Wurtzbourg, au grand Congrès catholique allemand d'Essen, qui aura lieu immédiatement avant notre Congrès et où on m'a prié de prononcer un discours sur l'action de la Papauté en faveur de la paix, pour adresser notre hommage au Saint-Père. La dépêche que nos amis catholiques se proposent d'adresser à Sa Sainteté pourrait être alors à peu près conçue en ces termes:
"Membres catholiques du Congrès démocratique international
16r
pour la
Paix, assistant au Congrès catholique allemand d'Essen, après avoir entendu discours leur
président Marc Sangnier sur admirable action Papauté en faveur de la Paix, adressent
Saint-Père hommage plus respectueuse reconnaissance et inaltérable dévouement".J'ai cru nécessaire, Excellence, de vous mettre au courant de cette situation dans l'espoir que vous voudrez bien demander au Saint-Père et à Son Eminence le Cardinal Gasparri de daigner accueillir aussi paternellement que dans le passé l'hommage de notre admiration et de notre fidélité.
Daigne Votre Excellence agréer, avec l'espression de ma vive gratitude, l'assurance de mes sentiments de profond respect.
Marc Sangnier