Dokument-Nr. 18911
Kuzmin-Karavaev, Dimitri Wladimirowitsch: Troisième rapport sur la pastoration des émigrés russes à Berlin, 24. März 1928
I. Services religieux.
a) Confessions.
De prime abord le soussigné se permet de présenter ses sincères remerciements pour l'heureuse solution de la question de Jurisdiction. En comformité avec les directions de Son Excellence, la Nonce Apostolique je viens d'avoir bien passé dans la Délégature Episcopale
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l'examen prescrit.
Actuellement j'ai reçu de l'évêque de Berlin Msgr. Deitmer le droit de Jurisdiction pour la
durée d'une année, c. à d. jusqu'au le 17 mars 1929, non seulement pour les
Catholiques de rite oriental, mais aussi pour ceux du rite latin. Msgr. Lichtenberg, curé de
la pasroisse [sic] du Sacré-Coeur, m'a fixé un confessional [sic], où je vais
entendre les confessions en langues russe, italienne et française.b) Saintes messes.
Les services religieux ont lieu régulièrement. Les jours de la semaine à l'exception des samedis, je célèbre au couvent des Carmélites à 6½ h. et les samedis à l'Eglise paroissiale du Sacré-Coeur à 6 h. Les dimanches et les jours de fête il m'a été fait possible, grâce à la prévenance des Soeurs de ne célébrer la Ste Liturgie qu'à 8½ h., ce qui est bien plus commode pour les Russes.
Mes ministrants sont deux garçons allemande Henry et Robert, qui m'assistent alternativement et me font les réponses en langue slave à l'exception de l'épître qu'ils lisent en grec.
La formation d'un choeur n'a pas encore pu être effectuée, les étudiants allemands sur lesquels j'avais compté, étant trop occupés par leurs études. En ce qui concerne le chant au cours des services religieux de la Semaine Sainte l'amabilité du Rev. Dr. Pierre Verhun, prêtre catholique ucrainien de Berlin, me permit d'entrer en pourparlers avec le choeur ucrainien composé de Catholiques. A mon regret, ce choeur ne peut être à ma disposition les dimanches, étant au service du Rév. P. Verhun, qui suit encore l'ancien calendrier.
Le deuzième [sic] jour de la fête de Noêl j'avais conformément à la prière de plusieurs Russes célébré le St. Office exceptionellement [sic] dans la grande église de St. Mathée à Berlin-W., le quartier de ville le plus habité par les émigrés russes. A cette occasion je voudrais
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relever l'amabilité toute
spéciale du curé de cette paroisse, le comte de Galen qui ayant dans sa sacristie une image
russe de la Ste Vierge eu la pensée délicate de la faire placer sur l'autel, auquel je
devais célébrer.c) Sacristie.
Pour la Semaine de Passion ma sacristie si modeste va s'accroître d'une acquisition nouvelle et importante: d'une Platschaniza. Tous les travaux y nécessaires sont fait gratuitement par la famille Savitzky, spécialement la mère et la fille aînée. Cette dernière a peint avec un grand goût artistique la figure du Sauveur à couleurs d'huile sur de la toile.
A cette occasion je voudrais bien présenter à la Congrégation Orientale la demande de vouloir bien me permettre l'achat d'un crucifix russe à 8 pointes. Selon l'usage de l'Eglise russe ce crucifix est à avoir sur l'autel tant que le St. Sacrifice est célébré; après la messe les jours de fêtes on le présente aux fidèles pour l'adoration. Cet usage n'existe point dans l'Eglise grecque et n'a pas non plus été employé dans notre Collège du St. Athanase. Mais on y tient beaucoup dans l'Eglise russe et j'ai été bien de fois déjà prié de la part de mes paroissiens d'introduire cette coutume.
II. Conversions.
Depuis mon dernier rapport j'avais eu la joie de recevoir au sein de l'Eglise Catholique 4 personnes, notamment la veuve Zinaide Savitzky et ses trois filles Marie, Tatiana et Irène, ainsi qu'une dame Natalie de Wege. Au sujet de la conversion de la famille Savitz- Ky, qui a fait assez de bruit, j'ai déjà présenté dans ma lettre du 20 février tous les détails à Son Excellence, le Nonce Apostholique.
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Les cérémonies de réception eurent lieu tout
comme auparavant dans la chapelle du convent des Carmélites D. C. J., en présence
des sœurs, qui assistèrent à l'acte de la profession de foi.Actuellement j'ai en préparation religieuse trois autres dames russes, Mme Bulgak et sa fille Mme Hoffmann ainsi que l'amie de cette dernière Mme Ritter. Les deux dernières sont orthodoxes. Mme Bulgak a été catholique, mais elle avait quitté l'Eglise lors de son mariage avec un Russe orthodoxe, qui eut lieu en 1893. J'ai déjà fait connaître à Mme Bulgak que dans son cas il ne peut être question d'une simple conversion, mais qu'elle doit faire pénitence et être réadmise dans l'Eglise selon le rite pour les apostats. Mme Bulgak me répondit qu'elle est bien consciente de ce que son retour à l'Eglise doit être effectué par une absolution de son pêché. A cette occasion je ne peux autrement que de me réjouir de la grâce et de la miséricorde de Dieu, qui permit à Mme Bulgak non seulement de revenir à l'Eglise après une si longue apostasie, mais aussi de pouvoir y ramener sa fille et sa petite fille. Cette dernière, une enfant de 10 ans, a déjà fait sa confession dans l'Eglise orthodoxe, de sorte que je devrais la faire entrer dans l'Eglise Catholique selon le rite de conversion après une instruction préparatoire, certainement plus courte que pour les autres.
III. Travaux apologétiques.
a) Conférances [sic].
Au cours du temps, dont le présent rapport donne une relation (décembre 1927 – mars 1928) ont eu lieu deux conférances publiques ainsi qu'une réunion des catholiques russes. La conférance du 15 janvier eut pout [sic] thème "La naissance de Notre Sauveur Jésus Christ." et
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fut
fréquenté par 39 personnes, et celle du 4 mars le thème "Rome ou Lausanne?
L'infaillibilité papale ou le Pan-Christianisme" (présentes ont été 16 personnes.) Le sujet
de l'allocution lors de la réunion des convertits russes était "St. Josaphat, sa vie et
son oeuvre".Au sujet des conférances je dois remarquer que selon mon opinion ainsi que celle d'autrui, il aurait été mieux de les tenir conformément à un plan précis et limité. A mon regret, le manque de temps ne m'a pas permit de méditer et de composer un plan pareil au cours de la saison de conférances présente. Mais j'espère bien qu'il me sera possible d'y réfléchir et d'en composer un pour l'automne prochaine, certainement en cas que la Congrégation Orientale voudra bien prolonger mon séjour à Berlin. Jusqu'alors je vais me tenir à des règles générales, notamment de faire alterner les conférances vouées à des questions générales de l'Apologie chrétienne dans les- quelles les Orthodoxes ne diffèrent point de l'Eglise Catholique, avec les thèmes apologétiques spéciales, défendant les doctrines catholiques, délaissées par l'Eglise orthodoxe. Conformément à cette règle ma conférance du 15 janvier avait eu comme sujet une explication des faits de l'Evangile se rapportant à la naissance de Jésus Christ; son but était de démontrer aux assistants qu'il n'existe point de différances [sic] entre la doctrine de l'Eglise et les affirmations de la science tant que cette dernière procède consciencieusement, sans se laisser influencer par des préjugés. A cause des mêmes motifs ma seconde conférance avait été vouée, comme le démontre son titre, aux difficultés que font les Orthodoxes vis-à-vis l'admission du dogme de l'infallibilité [sic] papale. Au cours de la conférance je m'étais efforcé d'expliquer à mes auditeurs que la Bulle "Immortalium animas [sic]" est principalement dirigée contre le Pan-Christianisme, qui tout autant contredit aux
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doctrines de l'Eglise orthodoxe qu'aux celles l'Eglise
catholique et que la dite Bulle ne peut aucunement être considérée comme un changement de la
position du Saint-Siège vers le problème oriental.La baisse du nombre des visiteurs aux conférances s'explique premièrement par le fait qu'une certaine curiosité, évoquée par mon arrivée à Berlin avait été en grande part satisfaite, seconde- ment parce que le temps, qui jusqu'à présent avait été fixé pour les conférances (dimanche, 5 h.) n'était point commode pour une grande partie des auditeurs. La première cause ne peut point être changée, mais en même temps je voudrais constater le fait qu'il s'est formé déjà un certain cadre d'assistants réguliers. La deuzième cause sera facielement [sic] remédiée: prochainement les conférances auront lieu le soir les jours de la semaine. En plus il est pensé de changer le lieu des conférances, qui jusqu'à présent ont été tenues dans la salle de la paroisse du Sacré-Coeur à Charlottenburg, relativement loin des quartiers de ville le plus habités par les Russes.
b) Collection de matériaux apologétiques.
Au cours de deux derniers mois il m'a été possible de réaliser mes anciens voeux c. à d. de commencer une collection des notices sur des questions apologétiques, spécialement sur l'histoire russe, qui pourraient être utiles non seulement à moi personellement, mais aussi à mes confrères de l'Apostolat russe. Grâce à la bienveillance du Rev. Directeur Wienken, qui s'est porté garant de moi, la Bibliothèque d'Etat allemande me permets de prendre les livres nécessaires. Au Bureau de l'Oeuvre russe on en fait selon mes directions des extraits des endroits characteristiques [sic] et importants, qui sont encore complétées par mes notices tant qu'au point de vue scientifique tant qu'au point de vue apologétique.
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Actuellement 118 extraits sont déjà
fait et se devisent en des matières suivantes:"Rome et la Russie" | 19 extraits |
"Moscou et Byzance" | 28 extraits |
"Le sens de l'Orthodoxie" | 32 extraits |
"L'Hérésie des Judaisants russes" (XV-ième siècle) |
25 extraits |
L' Inquisition du Moyen-âge | 14 extraits |
Au sujet des faits, constatés par mes travaux déjà effectués et les conclusions apologétiques qu'on en peut tirer, j'ai l'intention d'en présenter prochainement un mémoire spécial à Son Excellence Monseigneur d'Herbigny à Rome.
IV. Entretien de bons rapporte avec les Russe orthodoxes.
Au cours de mes rapports avec les milieux russes orthodoxes officiels, notamment avec l'évêque Tychon, en obéissance antonienne, et le curé Grégoire Prosoroff, en obédience eulogienne, j'ai agi conformément aux directions reçues de Son Excellence le Nonce Apostolique, c. à d. que j'entretiens de rapports officiels courtois. Mais non cordials [sic]. Ce caractère de rapports est d'autant plus facile à entretenir que l'évêque Tychon a pris vis-à-vis de L'Eglise
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Catholique une
position double: dans ses rapports personnels avec moi, il essaye d'être aimable, tout en
manquant souvent du tact, mais autant que je l'ai appris d'une source certaine, il favorise
le parti de ses paroissiens le plus hostile à l'Eglise Catholique. Le prêtre Prosoroff, qui
n'éprouve point d'antagonisme spécial vers l'Eglise Catholique ne possède aucune importance,
étant tout plongé dans les querelles intestines de l'Eglise orthodoxe.Dès lors de notre première entrevue l'évêque Tychon me demanda la permission de pouvoir visiter les enfants russes placés dans les pensionnats et orphelinats de Berlin. En d'autres circonstances de pareilles visites auraient pu faire bonne impression sur les Orthodoxes, comme cela a été le cas avec le prêtre Isvolsky en Belgique, mais les qualités personelles de l'évêque Tychon ne le feraient apporter que du trouble et de l'inquiétude dans les âmes enfantines. En considération de cela et après m'avoir orienté sur la décision prise à ce sujet par mon prédécesseur Prof. Berg, je fit savoir à l'évêque Tychon que la question de ses visites aux enfants ne pourrait être délibérée que lorsqu'elle serait levée par les parents eux-mêmes. En même temps je n'avais pas caché à mes amis russes orthodoxes ni cette demande de l'évêque Tychon ni le moment aggravant, qu'à Berlin existent deux églises russes rivales. Ne pouvant point me constituer juge de ces églises et ne voulant aucunement prendre parti pour l'une d'elles, je ne pu - disais-je - influencer les parents en faveur de l'évêque Tychon en considération de ce que le curé Prosoroff pourrait présenter avec le même droit la même demande. 8. J'espère qu'à présent cette question délicate et épineuse ne sera plus entamée, d'autant plus que son origine remonte encore au temps de mon prédécesseur et qu'alors les parents n'avaient exprimé aucun désir
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de voir
leur enfants visités par l'évêque Tychon.V. Entretien de bons rapports avec les milieux catholiques allemands.
La position cordiale prise par les Catholiques allemands vis-à-vis de la question russe me touche et m'émue de plus en plus. Ces sentiments bienveillants et sincères ont trouvé leur expression précise lors de la fête de Noêl russe arrangée le 3 janvier par le Caritasverband dans la salle de la paroisse du Sacré-Coeur. 150 personnes ont été invitées à la fête, au cours de laquelle ils reçurent tous, les adultes tout autant que les enfants, des cadeaux. Un petit choeur des étudiants exécuta des chants de Noêl allemands, les enfants de l'orphelinat St. Josephsheim représentèrent une petite pièce etc. Les assistants reçurent du thé et des gâteaux. Au cours de la soirée de courtes allocutions furent prononcées par le directeur Wienken, Msgr. Lichtenberg, le Prof. Dr. Berg, en langue allemande, et par le soussigné en langue russe. Tous les assistants ont été plus que contents et joyeux, tous partagèrent les sentiments d'amitié; on peut dire qu'un nouvel anneau du rapprochement mutuel y a été lié.
En ce qui me concerne personellement, je ne puis autrement que d'exprimer profonde reconnaissance pour toute la bienveillance qui m'est témoignée par Msgr. Lichtenberg, le directeur Wienken, mes confrères de Charlottenburg et les Soeurs Carmélites.
D. Kuzmin-Karawayew
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