Dokument-Nr. 19376
Guébriant MEP, Jean Baptiste Budes de an Marchetti-Selvaggiani, Francesco
Paris, 02. März 1928

(Copia)
Excellence,
Depuis deux ou trois ans, j'ai laissé passer sans y faire grande attention des attaques dirigées, au nom de ce qu'on appelle "la Missiologie", contre la manière d'agir des missionnaires de toutes nationalités et de tous instituts dans la formation des clergés indigènes et la préparation des épiscopats nationaux.
Cependant, je commence à croire qu'une intervention de la Sacrée Congrégation serait justifiée et grandement utile pour mettre un terme à tout ce qu'il y a d'indiscret et de dangereux dans ces provocations. Je signale à Votre Excellence comme typique en la matière un article récemment paru dans la Revue en langue allemande qui s'intitule: "Zeitschrift für Missionswissenschaft", sous la plume du Professeur Docteur Jos. Schmidlin, à Münster.
C'est dans le premier Nº de l'année 1928, page 61 et seq.
Hier soir un membre de l'Académie française catholique très fervent, me disait qu'il venait d'écrire au Prof. Schmidlin pour l'informer qu'après lecture de son article, il retirait sa promesse de prendre part cette année au Congrès International Missionnaire de Fribourg-en-Brisgau et d'y donner une conférence.
Cela est profondément regrettable. Mais l'inconvénient qui résulte de ces insinuations malveillantes au point de vue de la bonne entente entre missionnaires de toutes nations n'est pas, à mon avis
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le plus grave.
Ce qui est surtout déplorable, c'est l'agitation qu'on risque de provoquer dans des clergés indigènes où jusqu'ici n'a pas cessé de régner un excellent esprit, dans l'attente confiante des décisions que donnera en temps voulu le Saint-Siège éclairé par ses Délégués et par les Missions elles-mêmes.
En Indo-Chine, en Corée, au Siam, etc. le clergé indigène n'a encore manifesté aucune impatience capable de gêner de que les évêques de cette Société, d'accord avec l'autorité centrale de leur Institut, s'efforcent de rendre possible dans un avenir prochain. Si on nous laisse faire, tout se passera, ici un peu plus tôt, là un peu plus tard, comme à Nagasaki. Tout est prêt dans trois Vicariats du Sutchuen où l'on attend plus que le signal de Rome. En Corée, sur deux point soigneusement choisis, le même progrès, avant très peu d'années, sera mûr. De même en Mandchourie. En pays annamite, où quelques précautions spéciales s'imposent pour les raisons que voit très bien Votre Excellence, je viens d'envoyer un visiteur avec des instructions précises et l'espoir que, dans une région nettement désignée, une réalisation du même ordre pourra être bientôt envisagée. Au Siam s'agis [sic] de la même façon et avec la même prudence. Aux Indes enfin, Votre Excellence sait à merveille ce que nous sollicitons depuis plus de deux ans pour Kumbakonam.
Mais, si quelque chose peut retarder ou même rendre impossible les réalisations dont je parle, ce sont précisément les revendications indiscrètes et malveillantes dont le Prof. Schmidlin donne en ce moment un exemple caractéristique. Si une agitation, dans cet ordre d'idées, se manifeste parmi les clergés indigènes, toute ma
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bonne volonté deviendra inutile. Et, si le Saint-Siège, ému de ces exigences, croit devoir hâter les solutions, celles-ci auront le caractère de concessions arrachées par un soulèvement artificiel de l'opinion, et non plus celui d'un aboutissement plaisible [sic] et normal de l'effort apostolique.
Que Votre Excellence soit donc juge de ce qui pourrait être fait pour couper court à cette campagne inconsidérée. Il me suffit d'en avoir signalé l'imprudence et le danger qu'elle fait courir bien moins à la concorde entre missionnaires qu'à la paix des clergés indigènes. En persuadant à ceux-ci qu'ils sont victimes d'une grande injustice, on déforme leur mentalité et on risque de donner une apparence de révolte victorieuse à la sage et harmonieuse évolution qui, sous le contrôle et la direction de la S. C. de la Propagande, substituera, progressivement et sans retard inutile, [l]'Eglise indigène à l'église missionnaire partout où la chose devient possible. Personnellement, je me garderai de toute polémique, regrettant seulement d'être obligé par toutes ces indiscrétions, de renoncer à participer aux réunions internationales missionnaires.
Il n'y a là d'ailleurs, j'en suis certain et je me fais une joie de le dire, rien de plus que la maladresse d'un petit nombre d'individus. Entre missionnaires et sociétés missionnaires règne toujours la bonne entente à laquelle je n'ai jamais cessé de rendre témoignage.
Je suis avec un profond respect ...
(signé) + J. de Guèbriant, Arch. de Marcianopolis, Sum<p.>1 M. E.
1Hds. vermutlich vom Verfasser korrigiert.
Empfohlene Zitierweise
Guébriant MEP, Jean Baptiste Budes de an Marchetti-Selvaggiani, Francesco vom 02. März 1928, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 19376, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/19376. Letzter Zugriff am: 27.12.2024.
Online seit 20.01.2020.