Dokument-Nr. 3136
Müller, Joseph an Benedikt XV.
Freiburg im Üechtland, 10. November 1918
Avec une confiance pleine et entière dans la bienveillance du Saint-Siège Apostolique, j'ai l'insigne honneur, Très-Saint Père, par l'entremise de Son Excellence Monseigneur Dr. Eugène Pacelli, de déposer aux pieds de Votre Sainteté cette très humble prière, savoir: que Votre Paternité daigne accueillir favorablement cette relation des modestes travaux de Votre très humble et très dévoué fils soussigné jusqu'à ce moment, soit comme écrivain catholique de Droit international, soit comme home d'action catholique.
I. Monseigneur Marchetti-Selvaggiani (à Bern) et Monseigneur Kleiser (à Fribourg) eurent l'obligeance, en 1916 et en 1917, de communiquer déjà à Votre Sainteté six de mes écrits sur la nécessité de l'action pacificatrice de la Papauté, au sens du droit international. Ce sont les suivants:
1. "Die völkerrechtliche Stellung des Papstes und die Friedenskonferenzen"; (La condition internationale du Souverain Pontife et les Conférences de la Paix); Einsiedeln, Suisse, 1916. Imprimerie Benziger et Cie, un volume de 234 pages.
2. "Das Friedensvermittlungsrecht", Fribourg, Suisse, en octobre 1916. Imprimerie du Bienh. P. Canisius; 40 pages.
3. "la convention de La-Haye du 18 oct. 1908 sur le droit de médiation des Etats neutres et la question d'une médiation pontificale"; Fribourg, 1917. C'est la traduction du No. 2.
4. "The Pope as Peacemaker"; traduction anglaise des No. 2 et 3.
5. "Il Papa Pacificatore"; Friburgo, Svizzera, 1917. Tipografia Canisiana; 46 pages. Traduction des Nos. 3 et 4.
6. "Le programme de paix du Souverain Pontife et du monde catholique"; Fribourg, Suisse, 1917; imprimerie du B. P. Canisius; 16 pages. (7. "Het Vredesprogram des Pansen";
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traduction hollandaise parue dans le "De Tijd" à Amsterdam, en janvier 1918.)Outre ces écrits spéciaux, Votre très humble fils, Très-Saint Père, a assumé la charge, comme collaborateur de revues et de journaux importants tant en Suisse qu'en Hollande, de défendre le Programme de paix du Saint-Siège ainsi que les postulats de la médiation pontificale et du droit du Saint-Siège Apostolique à être représenté aux conférences de la Paix et du droit international. Ces revues sont, entre autres: "Soziale Werte", organe scientifique des chrétiens sociaux suisses à Winterthour, "Guerre et Paix" à Genève, "Nouvelles de Hollande" à La-Haye; les journaux catholiques importants sont: "De Tijd" à Amsterdam; "De Maasbode" à Rotterdam, "La Liberté", organe catholique de la Suisse Romande à Fribourg.
II./ 1. Désirant vivement unir les catholiques de tous les pays, afin qu'ils mettent en lumière de la manière la plus éclatante la haute mission de la Papauté et de l'Église comme puissance morale essentiellement pacificatrice, Votre serviteur a rédigé la Résolution de l'assemblée des délégués de l'Association catholique suisse (50.000 membres) du 18 octobre 1916.
2. Il faut de même l'auteur de l'Adresse des chrétiens sociaux suisses (35.000 membres) à Votre Sainteté, le 1 juillet 1917, au sujet du "but de paix du monde ouvrier catholique", - Adresse à laquelle Votre Sainteté daigna répondre avec une si paternelle bienveillance (Fin de juillet 1917).
3. Le 1 octobre 1917, il a eu en outre l'honneur de rédiger la Lettre du Comité central des Chrétiens sociaux suisses, par laquelle ces derniers proposaient respectueusement à Votre Sainteté la convocation d'un congrès universel des catholiques au moment opportun.
4. Le 15 novembre 1917, grâce à son initiative, fut fondée à Fribourg la "Société de droit international avec siège central à Fribourg (Suisse)", sous la présidence de Monsieur le Commandeur Dr. U. Lampert, professeur à l'Université. Obligé comme membre-fondateur de proposer le programme de la Société, j'y fis insérer
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cette norme comme conditio sine qua non de nos travaux: "Toutes les puissance souveraines du monde, y compris le Pape, seront convoqués à ces conférences (de La Haye). – "Le pape sera considéré comme le médiateur le plus digne de confiances entre les peuples".5. Enfin votre dévoué fils soussigné fut l'auteur du Mémoire adressé à Votre Sainteté, du 8 mars 1918, lequel fut signé par quatre organisations suisses (représentant 85.000 membres), et en premier lieu par l'"Associazione pel diritto internazionale a Friburgo".
Relativement à mes écrites politiques, j'ose assurer qu'ils n'ont donné à aucune critique pour défaut d'impartialité, bien au contraire. Ma deuxième publication (Médiation) fut bien accueillie par la presse des deux parties belligérantes. Parmi les Princes de l'Eglise qui ont daigné m'accuser réception de cette brochure on termes très favorables, je puis nommer Son Eminence le cardinal Mercier et Son Eminence le cardinal Czernoch (Hongrie) ainsi que Sa Grandeur Monseigneur Placide Colliard, évêque de Lausanne et Genève, l'évêque de mon quasi-domicile (depuis cinq ans). A ces hauts témoignages se joignirent des remerciements de la part de chefs d'Etats neutres.
Très-Saint Père! Comme je ne suis que dans la 29e année de mon âge, je suis trop jeune pour solliciter de la part du Saint-Siège une faveur de quelque importance indiquant que Votre Sainteté agrée mes humbles services. De quelle nature pourrait être une marque d'approbation, soit pour ma pauvre personne, afin de me rendre moins lourd le combat de la vie, soit pour procurer à ma mère âgée une joie suprême, Son Excellence le Nonce apostolique le proposera peut-être à Votre Sainteté. Quant à moi, j'ose assurer à Votre Sainteté, en présence de Dieu tout-puissant, que jour et nuit je travaille exclusivement pour le Saint-Siège Apostolique, l'auguste messager et protecteur de la paix entre les peuples, que mon amour pour tous mes frères de l'univers et mes sentiments de justice ne connaissent pas de frontières politiques. Loyalement attaché à ma patrie,
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la Bavière, universel comme l'Eglise catholique par le zèle pour la civilisation morale des peuples, je combats de toute l'ardeur de mon âme pour la Rome Eternelle, ma première patrie.Un des premiers à reconnaître l'opportunité de mon travail pour la Paix pontificale, ce fut le saint missionnaire sud-américain, le Rév. Père Matés Crawley-Marga (Boevey), qui me dit un jour (en 1916): "Mettez-vous à la tête à la gloire de l'Eglise et du Pape." C'est dans ce sens que je me propose de continuer, m'appliquant à faire de Fribourg un centre intellectuel pour le monde catholique en vue de défendre la sublime œuvre de paix du Saint-Siège Apostolique et de montrer que la science et l'action sociale catholique savent reconnaître la terrible détresse de notre époque.
Très-Saint Père! Sollicitant avec le plus humble respect la paternelle bienveillance du Chef suprême de la Chrétienté et la bénédiction du Vicaire de Jésus-Christ, je me prosterne au pied du trône de S. Pierre avec la plus profonde et la plus sincère vénération.
Fribourg, Suisse, boulevard de Pérolles 57,
le 25 mars 1918.
De Votre Sainteté,
Le très obéissant serviteur et fils
Joseph Müller,
Doctor iuris utriusque de l'Université de Fribourg;
Membre de la "Société Américaine de droit international" (à Washington);
Membre de la Commission Internationale d'études No. 5 de l'"Organisation centrale pour une paix durable", siège a La-Haye;
Membre du Comité Exécutif de l'"Institut catholique pour la paix et le réconciliation des peuples", siège à Fribourg; fondé le 12 mars 1918;
Secrétaire générale de la "Société de droit international" à Fribourg.