Dokument-Nr. 5366
Georg von Sachsen an Pacelli, Eugenio
Breslau, 01. Juli 1919
Votre Excellence me permettra de venir lui présenter deux graves questions qui me tiennent très à cœur, toutes deux.
Comme Votre Excellence peut en juger elle-même, l'extradition est la mise en jugement de S. M. l'Empereur Guillaume aura les plus fatals et les
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plus tristes conséquences pour l'idée monarchique, pour l'ordre et pour le droit.Cette ignominie resterait une torche ineffaçable dans l'histoire du monde, elle froisserait les sentiments des plusieurs millions d'honnêtes gens et donnerait lieu à un déchainement plus grand encore de toutes les passions, de toutes le révoltes contre l'autorité et la justice. Enfin elle serait le consommement [sic] de l'œuvre franc-maçonnique…
Dedans le trouble, le bruit et l'émotion de cette heure terrible, il n'y a que la Voix de Notre Saint Père le Pape qui puisse le faire entendre. Je supplie instamment Votre Excellence de vouloir bien demander
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à Sa Sainteté en mon nom, et si possible télégraphiquement, d'intervenir en faveur de la non extradition de l'empereur Guillaume et d'empêcher ce vrai crime.Je sais que des millions de Catholiques, si même ils n'osent pas le dire, pensent comme moi et les miens, je sais que je peux demander cette grâce aussi en leur nom.
La seconde prière est bien pressant aussi. Il s'agit de biens de mon père en Haute Silésie, qui devront très probablement être cédés à la Pologne, d'après tous les renseignements prés à des sources sûres.
De [sic] la situation financière de ma famille est devenue très précaire par la Révolution, l'incertitude de ce que le gouvernement actuel rendra des biens qu'il revient, les difficultés de l'heure présente, rendent
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la vue de l'avenir plus sombre encore. La perte de cette grande propriété serait donc fatal pour mon Père et nous tous, et nous priverait d'occasions de faire du bien, en nous enlevant les moyens matériels d'un coté et l'influence morale de l'autre, surtout au point de vue Catholique.Pour l'entremise de Son Eminence le Cardinal Secrétaire d'État, ou de S. E. le Nonce à Varsavie, j'ose supplier Votre Excellence de nous obtenir que la dite terre de Guttentag reste la propriété de la famille, même quand cette partie de la Silésie sera cédée à la Pologne, ce qui est certainement à craindre.
Que Votre Excellence me pardonne cette longue lettre et qu'elle soit assurée de ma profonde reconnaissance
et une croie
Son très dévoué Georges
Prince héritier de Saxe