Dokument-Nr. 537
Flämische Intellektuelle an Albert I. von Belgien
[Brüssel], vor dem 05. Oktober 1917

Flamands, souvenez-vous de la victoire des Eperons d'Or (Proclamation du Roi le 5 Août 1914)
Sire,
Pleins de confiance en vous, qui au commencement de cette guerre avez remémoré aux Flamands la victoire des Eperons d'or, nous venons, nous les soldats Flamands, l'armée flamande, l'armée de l'Yser, vous dire tout ce que nous souffrons et pourquoi, que nous sommes prêts à verser notre sang pour la patrie, mais que ce sang ne peut ne peut1 servir à enchaîner encore plus notre peuple, mais pour qu'il respire et vive plus librement.
Nous n'avons plus de confiance en nos chefs qui nous persécutent plus que jamais. La presse, qui nous combat sans relâche est soutenue. Nous nous méfions du gouvernement qui élu par nous, a abusé de son pouvoir, nous trompant déjà pendant plus de 85 années.
En vous seul, o Roi, nous avons encore confiance. Le 5 Août 1914, vous avez su parler aux Flamands comme il convenait, voulant montrer ainsi que nous pouvions compter sur vous, comme sur le chef de l'armée Flamande de 1302. Vous combattez maintenant pour défendre l'honneur et le droit et ainsi consciemment vous ne permettrez jamais, que vos sujets soient lésés dans leur honneur et droit pour ceux qui tiennent le pouvoir de vos mains. Pour cela, à l'anniversaire de la victoire des Eperons d'or, nous venons
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à vous pour demander notre droit.
Depuis 1830 l'histoire du peuple flamand est une histoire de souffrances. Notre peuple traité avec injustice arriéré est tombé bien bas. En Belgique tout est pour les Wallons, rien pour les Flamands. Nous voulions que la constitution qui garantit l'égalité de tous les Belges devant la loi, ne resterait pas un vain mot, qu'en Belgique ou habitaient et vivaient des libres Wallons, il y aurait aussi place pour des libres Flamands. Après 85 années de lutte, nous avions obtenu quelques lambeaux de lois, qui même n'étaient pas observés. Le développement intellectuel de notre peuple est nul. On l'employait aux plus durs travaux pour des salaires de famine, il était méprisé, rouillé comme le plus arriéré, il était trahi par ses propres représentants. Nous, Flamands, non seulement de nom, mais aussi de tout cœur, nous voulions donner à notre peuple ce qui lui revenait, nous voulions son développement en sa langue, pour qu'il jouirait ainsi de sa vie ethnique à lui, et prendrait la place qui lui revenait en Belgique et dans le monde civilisé. Ni dérision, ni adversité, ni calomnie n'auraient pu nous retenir. Notre peuple serait grand et libre, fût-ce même au prix de notre vie.
La guerre éclata et nous avons cessé la lutte. Nous avons pris les armes sans conditions, bien que la Belgique fut pour nous pendant 85 ans une marâtre, bien que nous avions été serviteurs dans notre propre pays. Sans hésiter un instant nous sommes partis, parce que on attaquait aussi notre Flandre, parce que nous voulions voir la Flandre libre dans une Belgique libre, parce que nous croyions fermement, que le sang qui allait être si abondamment répandu, serait le gage de nos droits. Nous avons sacrifié honneurs et biens, amis et famille, nous nous sommes sacrifiés nous-mêmes, parce que de ce sacrifice nous espérions la reconnaissance de nos droits.
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Raillés, méprisés, calomniés, frappés jusqu'au fond de notre cœur, commandés dans une langue que tant ne comprenaient pas, et parce que nous ne comprenions pas, traités d'imbéciles, d'ânes, nous avons tout souffert en silence, nous avons voulu tout souffrir pour obtenir les droits de notre peuple.
Tandis que tant d'autres races ont réclamé et obtenu droit de leurs oppresseurs; tandis que d'autres peuples étaient libérés, parfois même par l'ennemi, et que tous l'approuvaient; tandis qu'on écrit de la libération de la Pologne, Irlande et Finlande et que tous les journaux, même ceux qui nous dénient tout droit, combattent pour ces peuples; tandis que l'enjeu de cette lutte mondiale semble se résumer pour ainsi dire, si l'Alsace-Lorraine sera française ou allemande; tandis que partout on encourage la lutte pour le droit des peuples et que le Pape défend publiquement Mgr. Endria, évêque de Trente, qui exige le libre développement de la langue maternelle pour 700.000 Italiens, contre l'Autriche; tandis que Wilson proclame qu'il y va de la liberté de tous les peuples, même le plus petit et que Ribot déclare que chaque peuple doit avoir une existence propre, même ceux qui ont eu jadis une civilisation; tandis que tout cela se dit pour les persécuter, nous n'obtenons rien, nous qui avons le nom de peuple libre, nous qui sommes majorité en Belgique, nous qui sommes 80% dans l'armée de campagne, nous courons risque non seulement que nos souffrances auront été inutiles, mais qu'elles serviront à asservir notre peuple.
Nous, soldats flamands, nous souffrons parce que flamands. Nous somme commandés par des chefs ne comprenant pas notre langue, ou plutôt qui dans leur mépris ne veulent pas la comprendre. Ils trouvent qu'il est très juste d'étudier le Congolais pour commander les indigènes, même doivent-ils connaître les si nombreux dialectes, de peur d'être renvoyé. Mais lorsqu'il
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s'agit de commander les Flamands, un peuple libre, alors ils ignorent volontairement le flamand, bien que payés par nous. Lui, le pauvre peuple qui doit travailler, peiner pour son pain quotidien, devrait trouver le temps d'apprendre le français. Tout ce qui est flamand ne mérite que leur mépris et leur haine. Il y a beaucoup d'officiers qui connaissant le flamand, ont honte à le dire, qui pensent qu'il faut parler que le français, par crainte pour l'autorité militaire supérieure, qui prétend que le flamand n'est pas une langue d'officiers.
Notre peuple est traité en esclave. On se moque de nos bourgeois, on les traite d'espions, on ne respecte pas, on séduit nos femmes. Pour une futilité on traduit nos soldats devant le conseil de guerre, où ils sont jugés par un jury qui souvent ne les comprend pas, mais qui tout de même décide de leur l'honneur [sic] et de leur vie; tandis que dans de mêmes compagnies avec les mêmes officiers, des Wallons pour des faits dix fois plus graves restent impunis. A l'armée on devient général avec le français seulement, mais d'un caporal flamand on exige "une connaissance parfaite du français". Les flamands on les trouve seulement parmi les remplisseurs des petits sacs à terre de l'Yser et dans les compagnies de discipline. Nos soldats sont des véritables héros, on les raille, on les invective, on les méprise, commandés trop souvent par des officiers ignorants leur langue, soignés par des docteurs qui ne les comprennent pas, sous les ordres de tant de caporaux et sergents ne sachant pas le flamand, ils souffrent tout cela déjà plus de 3 ans, en silence, s'acquittant avec conscience de leur devoir.
Et tout de même ils savent que ceux qui sont au-dessus d'eux ne peuvent et ne veulent parler leur langue, que presque jamais ils n'obtiendront un poste plus facile, tout étant accordé soit à un Wallon, soit à un Flamand d'expression française. Ils se savent condamnés à rester toujours les remplisseurs de sacs, ils savent qu'ils n'ont pas même le droit d'être fatigués, et tout cela pour la maigre solde de 2,30 fr. par semaine.
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Ils savent que tous les commandements leur sont donnés en français, et lorsque l'exécution ne sera pas prompte, l'arrêt, la prison, le conseil de guerre, la discipline leur est réservée. Tout cela ils le supportent et lorsqu'un peu trop persécuté, ils osent répondre, lorsque ceux qui combattent pour la liberté, demandent la liberté, on les punit et parfois on les prive de leur honneur comme un criminel. Dans les tranchées les indications et dénominations, écrits pour des Flamands, sont en français; lorsque quelques Anglais arrivent dans notre secteur, on ajoute immédiatement la traduction anglaise, les Flamands n'ont qu'á comprendre. Lorsque dans leur juste colère ils osent ajouter la traduction, o alors on tempête dans le monde des officiers. C'est vrai : l'officier traducteur existe, mais ce poste ne sert qu'à procurer aux favoris une belle place, où on ne doit rien faire.
Malheur à ceux qui ayant conscience de leur origine, se montrent Flamands; malheur aux aumôniers, brancardiers et étudiants, qui ayant pitié de leur peuple osent les aider, les soutenir, les conseiller, on les dit des révolutionnaires; malheur aux savants qui mettent leur or et leur science au service de leurs pauvres Flamands, on les brisera; malheur à ceux qui apprennent aux non-instruits à demander leur droit, ce sont des semeurs de discorde. On les soupçonne, on les espionne, on censure leurs lettres, on perquisitionne, on vole leur correspondance lorsqu'ils gisent blessés surs le champ de bataille, on les dit payés par les Allemands pour prêcher la désunion dans l'armée. Eux seuls, les officiers qui nous combattent pour qui un Flamand est la plus vile des choses de la terre, eux seuls sont patriotes, eux seuls compétents à décider du sort de nos soldats, eux seuls méritent la confiance, eux qui parlent comme suit. "C'est fantastique! Les Boches disent qu'ils se sont battus pour la liberté des Flamands! ... Ils crient avec les Boches: Vive la Flandre, mort à la Belgique!
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Ce sont donc bien des traîtres! ... Les Flamands ont aidé à fusiller nos soldats! ... Je sais qu'un professeur d'école moyenne, qui donnait des meetings avant la guerre, et qui avait même publié un article, si je me rapelle bien: In strijd! Avec tendences boches, était vendre aux Boches ... Certains disent qu'ils le considèrent même comme un déshonneur d'être Flamand... Ceux qui écrivent sur les murs sont des lâches ... Dans les tranchées ils viennent de mettre des inscriptions sur les planchettes portant les dénominations des tranchées. Eh bien! Ce sont des cochons et il faut les fusiller nécessairement ... Ces gens qui sont vendus aux Boches, c'est dommage qu'on ne peut pas les parquer et les envoyer chez les Boches. Je n'y [sic] point d'inconvénient ... Ces quelques imbéciles qui provoquent ce mouvement boche, mènent des veaux qui suivent comme du bétail .... Il paraît qu'au 3ième de ligne, il y a un volontaire qui sème la discorde parmi les Wallons et les Flamands, c'est un boche ou certainement il est payé par les boches ... ou: Envoyez-moi du moins quelqu'un qui parle un langage civilisé et non du négre ... Le Flamand est bon pour les sauvages ... Ce mouvement est boche. Le grand quartier général en a les preuves, que les chefs sont en correspondance suivie avec les Boches et sont payés par eux ... "On le traduira en Flamand si vous êtes trop bête d'apprendre le français! Plus loin: "Soldats de carton, défendez votre patrie; on vous reçoit ici à bras ouverts, est vous vous conduisez comme des cochons! Retournez dans votre sale et infect pays des Flandres."
Nous devons croire à leur parole lorsqu'ils nient toute la noblesse de notre mouvement; parce que ne connaissant ni idéal, ni sacrifice, ils ne voient que l'intérêt. Nous devons croire ce qu'un officier parlant à un group de signaleurs disait en raillant: "Il n'y a que deux qui n'ont pas
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compris. Vous voyez qu'il n'y a pas tant de Boches parmi vous." Tout cela nous l'avons souffert et bien trop longtemps. Nous avons tout supporté; on a privé de leur poste des hommes parce que flamingants, et nous avons refusé de croire que c'était par mépris pour notre peuple.
Vint l'ordre de la suppression des cercles d'études. Nos gas flamands qui devaient peiner avant la guerre pour des salaires des famine, parce qu'ils ne connaissaient pas leur métier cherchaient maintenant à l'étudier. Ils savaient aussi qu'après la guerre ils auraient aussi leur mot à dire, à cause de leurs grands sacrifices et sachant qu'ils ne pouvaient compter sur leurs représentants, s'ils ne voulaient plus être trompés ils avaient à résoudre eux-mêmes les plus graves problèmes de culture de leur peuple. Ils désiraient donc plutôt employer leur temps libre à obtenir le développement intellectuel qui leur avait été refusé, que de fréquenter les maisons où leur vertu était en danger. Quelle œuvre d'apôtres! Qui n'admirerait, du moins si l'on aime encore le noble, ces hommes qui, le danger continuel menaçant, s'en vont instruire leur peuple ... qui désire se relever. La défense survint. Le prétexte que l'autorité militaire alléguait était que toutes les forces morales et intellectuelles ne pouvaient avoir pour but que la seule défense de la patrie. Football, course, sport, tout cela est permis, même encouragé. Pour cela on exempte d'exercices, on fond des sociétés, on donne des prix, les généraux assistent aux concours, on accorde jusqu'à des permissions pour Milan, pour aller jouer au football. Seul le développement physique est admis. Mais lorsqu'il s'agit d'assurer l'avenir d'un peuple, d'étudier les intérêts du pays, d'ennoblir une nation qui aspire après une vie plus élevée qui désire occuper
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la place qui lui revient, lorsqu'il y va du salut de la Flandre et donc de la Belgique, alors la défense est là, notre peuple peut s'abrutir non se développer.
Maintenant c'est défense sur défense. Tous les livres traitant de la question flamande sont prohibés et confisqués. Des traductions flamandes sont interdites, des fêtes flamandes empêchées, faire des statistiques ou prendre des notes pouvant servir après la guerre n'est permis à personne. Au nom de la liberté, pour laquelle nous combattons l'autorité militaire exige que nous renonçions à toute liberté, que nous approuvions tout ce qu'elle fait, même lorsque cela va à l'encontre de nous-mêmes et de notre existence. Nous ne pouvons penser, ni examiner.
Restait le droit de parler de notre cause aux individus: Des hommes vivants continuellement sous cette injustice, se voyant persécutés parce que Flamands, sentaient le sang bouillonner à notre parole, nous comprenant tout à fait. Aussi cela, on l'a défendu. Il fallait se taire. Nous attaquer, nous railler sans trêve ni merci, calomnier ceux qui désintéressés veulent sauver leur peuple tout cela, oui. Mais se défendre, dire ce qu'on sent, ce qu'on pense, ce que nous ne pouvons cacher parce qu'il y va de notre vie ethnique, cela ne se peut. Toute propagande est interdite, celui qui osera encore parler de la question flamande sera puni, les officiers de dégradation, les soldats de discipline. Et où donc la punition de ceux, qui édictent ces mésures, de ceux qui nous calomnient? Ou n'est-ce pas de la propagande de frapper continuellement quelqu'un en plein cœur? Nous vivons dans une armée, dont les soldats sont presque tous Flamands, qui souffrent comme tels, et même ceux qui appartiennent à une autre race nous approuvent dans notre lutte. Nous vivons dans une armée
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dont nous, flamingants, sommes la partie la plus belle, la plus noble. Nous vivons dans une armée où l'autorité hait le flamand, où à peu près chaque flamand voit dans chaque chef un ennemi direct, non parce qu'il est chef, l'autorité est nécessaire, mais parce que ces chefs veulent le frapper dans ce qu'il a de plus cher; parce qu'on l'oblige à combattre un droit pour affermir l'injustice.
La presse qui nous soutient est combattue avec acharnement, les articles où l'on traite de nos intérêts, censurés sans merci. Mais lorsqu'il s'agit de la presse qui attaque notre peuple, qui est destinée à tromper nos soldats, cette presse est répandue à foison. Non seulement elle dispose d'autos [sic], mais par tous les moyens on tâche qu'elle paraisse avant tout autre journal, qu'elle informe des dernières nouvelles, profitant de la curiosité du soldat lisant avec les nouvelles leurs articles. Les marchands de journaux militaires répandent aux frais du gouvernement un nombre considérable de ces feuilles, tandis qu'ils n'apportent que quelques exemplaires de nos journaux. "L'Opinion Wallonne" peut traiter de toutes les questions, ce qui est son droit, elle peut écrire 10 fois plus que nos journaux sans courir risque d'être prohibé ou censuré. Gérard Harry peut écrire dans le "Petit journal": "Maintenant les flamingants savent voir clairement tout le danger et l'injustice de leur mouvement, qui tend à donner la priorité à leur patois sur la belle langue de leurs voisins du sud. Dans la suite plus de bilinguisme en Belgique, un lien magique doit les unir, la langue française." "L'Écho Belge", "la Métropole", "l'Indépendance" et surtout le "XX Siècle" et "Het Faderland" le répètent chaque jour. On ose répandre des écrits dans lesquels on accuse Anvers de trahison, et on rejette la faute sur les Flamingants. Le rédacteur en
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chef d'un journal Belge ose écrire ouvertement, que les soldats flamands sont des soldats brutaux bons à être sacrifiés, tandis que les Wallons sont appelés l'élite de l'armée (serait-ce bien de l'armée du front!). Tous les jours on écrit des articles contre nous. On calomnie nos leaders, les rendant suspects par n'importe quel moyen. Ceux qui se font les apôtres du mouvement, sont accusés de flamingantisme; comme si 80% de l'armée de campagne ne nous suivaient pas. Toutes les nouvelles du pays occupé, communiquées par un bureau soutenu par notre argent, sont faussées. Cela est notre presse. Avec l'argent Belge, par conséquent le nôtre, nous devons soutenir les feuilles qui travaillent à notre ruine.
Enfin le gouvernement qui devrait être le nôtre puisque c'est grâce aux Flamands qu'il est au pouvoir aide à dénaturer notre peuple, le gouvernement qui nous leurre de promesses permet tout cela. Nous n'avons donc non seulement à soutenir la lutte contre l'envahisseur, mais aussi contre nos propres dirigeants. Des personnages officiels, disent publiquement que notre mouvement est condamné, que la Belgique sera romane ou ne sera pas. Partout ils répandent la nouvelle, que nous avons abdiqué de nos droits, et que nous combattons pour la civilisation latine et la culture française.
Maeterlinck et tant d'autres vont parler devant un brillant public, ou écrivent tranquillement installés dans une belle chambre, pour avilir notre race, tandis que nos héros gisent mourants sur le champ de bataille, pour libérer leur pays et leur peuple. N'ont-ils donc pas de respect pour le sang flamand? Où sont-ils ceux qui disent que les leaders de notre peuple sont loin du danger. [sic] Ceux qui nous tendent des pièges vivent dans l'abondance avec nos richesses. Avoir des marraines hollandaises, cela se peut, ou plutôt
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les lettres ne parviennent pas, il faut comme marraines des femmes sans conscience, qui détournent nos hommes de la voie du devoir, et volent leur vertu et leur honneur. Les livres flamands sont difficiles à obtenir dans nos comités, des Allemands on en a reçu à la première demande. Nos enfants dans les colonies scolaires ne peuvent écrire à leurs parents dans la langue maternelle, de sorte que les parents ne savent les comprendre. Cela ne suffisait pas encore. Il fallait que le ministre Berryer dise, que nos enfants doivent préférer la culture française. Une religieuse doit leur <les>2 faire dire que plus tard ils parleront le français, et qu'ils apporteront à la Flandre arriérée la culture française. Nos enfants ne peuvent apprendre le flamand, mais entretemps on apprend à ceux qui sont en Suisse le Français et l'Allemand. Le gouvernement peut retirer le gagne-pain à ceux qui osent défendre leur droit et demander des promesses formelles, mais celui-là peut vivre en paix qui demande explicitement l'annexion à la France, et lorsque certains exaspérés par cette attitude criminelle, par la trahison de leur propre gouvernement osent accepter leur droit à la vie, même de mains étrangères, alors on promulgue des arrêté-lois, dont on peut discuter la validité, et qui sont dirigés contre nous. Nous ne pourrions donc ni parler, ni penser, ni écrire, seul le sang flamand ils le veulent et en abondance.
Le peuple flamand est patient mais non lâche. Ce qu'il supporte depuis 3 années il ne pourrait le supporter plus longtemps. L'heure décisive a sonné. Nous nous trouvons en face de l'offensive, ou on répandra de nouveau abondamment le sang flamand. En vous, ô Roi, nous avons encore confiance, en vous seul. Nous sommes prêts à donner notre sang, tout ce que nous possédons, mais ce sang soit le gage
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de la liberté et non de l'esclavage.
C'est sur le gouvernement que retombe la faute de l'érection de l'université flamande de Gand par les Allemands. Les Flamands ont accepté, ils ont bien fait. Nous n'avons pas à nous soucier des desseins de l'ennemi, pour nous c'est un droit vital. Ecoutez ce que dit un de nos leaders:
"En parcourant la liste des noms de ceux qui avaient signé, la tristesse s'empara de mon cœur. J'en connais beaucoup, je les sais bons patriotes, et en ces temps aussi ennemis de l'envahisseur Allemand que n'importe qui. Je sais que leur cœur a hésité avant qu'ils ont mis leur nom sous ce manifeste, et que plus d'un s'est posé les questions, non seulement ayant devant les yeux le sort de <du> leur3 pays, mais aussi l'âme en face en Dieu; que ferais-je? Que dois-je faire? Puis-je laisser passer cette occasion? En aurions-nous une seconde? Quelques uns ont entendu le bruit du canon de l'Yser, tandis qu'ils pensaient, tandis qu'ils hésitaient. Ils ont tourné leur regard vers l'ouest tremblant sous les détonations, et rougi par le soleil couchant et le noble rouge du sang de leurs fils; et alors ils ont laissé parler leur cœur en ces termes: "Nous avons sacrifié nos fils pour la défense du droit de notre pays et néanmoins, nous Flamands, nous ne pouvons espérer avec certitude d'obtenir ce droit du pays. La situation nous inspire plutôt défiance que confiance; les raisons de défiance croissent de jour en jour. Que faire? ... Nous allons décider de la vie de notre peuple, dans ce cas il m'est un devoir de prendre le plus certain, à la garde de Dieu. Peut-être en ce moment même, mon fils verse son sang. Il fait bien. Moi aussi j'offre quelque chose, l'honneur de mon nom ou plutôt l'apparence, cela vaut du sang qui coule pour la Flandre. Mais il le faut. A chacun son devoir n'importe à quel prix."... Alors ils ont signé.
Cela s'est passé ainsi, oui ainsi, n'est-ce pas? D.r Depla [?]4
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vous regardiez l'ouest où sont les tranchées qui abritent votre Guillaume et Herman, de cette façon <manière>5 si élevée et si solennelle vous avez signé."
Du respect pour ces hommes. Celui qui possède un brin de clairvoyance frémira à la pensée de l'acte qu'ils ont posé. Cent hommes honnêtes, bons6 et intelligents on dit à leur pays la main sur la conscience: "Au moment même du sacrifice je me défie de vous." Non pas à leur chère patrie, mais à ses gouvernants qui depuis 85 années suivent la politique de mépris pour le droit des Flamands. Que dire aussi du Dr. Gossenarts? Toute la presse, même celle qui ne cesse de nous attaquer le loue et la félicité pour ses sentiments anti-Allemands. Lui qui condamné par l'oppresseur à 10 ans de travaux forcés, il approuve l'acte de ces cent flamands. Personne donc ne suspectera de germanophilie celui qui souffre pour la Belgique.
Nous voulons uns armée flamande à côté d'une armée wallonne. Nous voulons un gouvernement flamand en Flandre, parce que là est la planche du salut, parce que nous ne voulons ni persécuteurs ni persécutés. Nous ne demandons rien à l'envahisseur. Mais si nous désapprouvons l'acte de mendier la séparation administrative de Berlin, nous ne voulons cependant pas voir condamner "ceux qui ne peuvent se défendre. Nous ne supporterons pas que ce gouvernement se pose en juge, qui depuis 85 années n'a cessé de nous tromper et est la cause de ce qui est arrivé. Nous ne permettons jamais qu'un étranger mette la main sur eux, nous les jugerons en connaissance de cause. A chacun ses affaires. Ce n'est pas une faveur que nous implorons, notre lutte vit de droit. Ce droit nous le voulons. Nous exigeons une promesse claire et écrite que pleine égalité sera faite après la guerre. Nous exigeons la fin de ces persécutions et la liberté
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de parole. Nous espérons pouvoir compter à l'avenir sur l'appui du gouvernement, de l'autorité et de la presse. L'enjeu de la lutte est notre liberté. Jamais l'entente n'aurait été si cordiale entre Wallons et Flamands, s'ils avaient les mêmes droits et devoirs, si leur sang coulait pour la même liberté. Nous combattons l'ennemi n'importe d'où il vienne, plutôt la mort que la servitude.
Au nom donc de l'armée flamande, qui compte sur nous et entend notre voix, qui n'attend qu'un mot d'ordre, nous venons à vous, Sire, nous les intellectuels flamands, qui vivons et souffrons avec nos soldats. Nous venons vous dire notre et leur pensée. Il y va de votre personne, il y va du pays. Nous n'hésitons plus. Nous voudrions signer par milliers mais nous craignons qu'on abuserait de notre sincérité...
Roi Albert, champion du droit, défenseur de l'honneur du pays, notre sang est à vous, mais nous exigeons le respect de ce sang le droit de la Flandre, la liberté pour nous et nos enfants.
1Hds. gestrichen.
2Hds. gestrichen und eingefügt.
3Hds. gestrichen und eingefügt.
4Seite 103r gehört zum vorhergehenden Allegato und ist offenbar falsch abgelegt; scheinbar fehlt hier eine Seite.
5Hds. gestrichen und eingefügt.
6Hds. gestrichen.
Empfohlene Zitierweise
Flämische Intellektuelle an Albert I. von Belgien vom vor dem 05. Oktober 1917, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 537, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/537. Letzter Zugriff am: 27.12.2024.
Online seit 24.03.2010, letzte Änderung am 10.09.2018.