Dokument-Nr. 538
Flämische Soldaten an Benedikt XV.
Belgische Front, 05. Oktober 1917

Trés Saint Père,
Les soldats Flamands de l'armée Belge, qui constituent les trois quarts de l'armée, qui combat au front de l'Yser, éprouvent le besoin reconnaissant de dire à Votre Sainteté, combien la clause de rigoureuse indépendance, revendiquée pour notre pays et proposé aux nations belligérantes comme la base de la paix future, les a comblés de joie.
Leur vœu le plus intime et le plus cher se trouvera ainsi accompli et leur crainte la plus fondée dissipée.
Très Saint Père, votre clairvoyance politique a parfaitement discerné, qu'un petit peuple a besoin d'une indépendance tout à fait absolue, que des amitiés trop étroites avec de grands peuples lui sont
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aussi dangereuses que des inimitiés. Souvent l'alliance des petits avec les grands leur coûte la vie. Ce serait notre cas à nous, Flamands, si notre pays s'alliait à un de nos puissants voisins. L'alliance ouvrirait toutes larges les portes à l'entrée de toutes les forces ethniques: lettres, presse, poussée linguistique, mœurs, décuplées par l'appui politique; notre lutte ethnique se livrerait avec des forces trop injustement inégales. Mais voilà, que grâce à Dieu et à la clairvoyance de Votre Sainteté, ce premier danger sera écarté à l'avenir.
Il en reste un autre, contre lequel nous luttons voilà bientôt cent années: c'est cette même infiltration de la pensée et des mœurs de l'étrangère. Cette lutte est la lutte pacifique et naturelle de pensées et de mœurs, de races enfin qui sont mises en contact par le voisinage géographique des peuples; mais elle cesse d'être une lutte juste et équitable, quand le pays même, ou elle se livre, appuit de toute la force de son organisation le recul et l'extinction de la langue et partant du caractère et de la culture propres au peuple le plus nombreux et le plus original des deux qui l'habitent. Tel est exactement le cas des Flamands en Belgique.
A l'entrée de la longue carrière de vie indépendante que nous espérons voire s'ouvrir pour notre pays, nous prévoyons que nous devrons demander à la Belgique une organisation nouvelle, qui nous permette une lutte juste, et qui n'empêche plus le libre et complet
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développement de notre peuple Flamand.
L'Allemagne d'après le brut qui court avec persistance depuis des mois, fera de cette réforme une de ses conditions de paix. Son patronage rendra cette réforme suspecte, en faisant croire qu'elle sert plutôt les intérêts de l'ennemi, que le besoin vital d'un des peuples qui habitent la Belgique. Il fera oublier que ce peuple est le plus nombreux, qu'il a rempli envers son pays le devoir du sang dans la plus large mesure, prouvant ainsi sa fidélité et la droiture de ses intentions; ce patronage, odieux à la Flandre fera surtout négliger ses mérites, lui fera perdre la fécondité de son sang versé, et la ferra sortir de la guerre avec des milliers et des milliers de morts inutiles pour elle-même. Ce sera là son bilan net.
Nous avons besoin d'un autre patronage, plus pure, plus élevé tout à fait désintéressé, appuyant cette réforme uniquement parce qu'elle est nécessaire, naturelle, juste devant la société et devant Dieu.
Il n'y a que Votre Sainteté qui puisse nous le donner. Nous espérons, Très Saint Père, que votre voix aura dans le congrès futur de la paix, toute l'influence et le poids qu'elle mérite. C'est pour ce motif, que nous avons osé exposer à Votre Sainteté, ce que la "Séparation Administrative" signifie pour nous, afin qu'Elle veuille l'appuyer de toute Son autorité morale, puisque c'est un droit, et de toute sa bonté paternelle puisque la vie ethnique d'un
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peuple en dépend, qui compte parmi les plus attachés au Saint-Siège, et qui aime le Vicaire du Christ de l'amour le plus filial. Si nous osions Vous demander, Très Saint Père, tout ce que comporte notre désir, nous Vous dirions: que Votre Sainteté prenne Elle même l'initiative de la proposition de la Séparation Administrative, afin que cette initiative échappe à notre ennemi ensemble avec le droit d'intervention ou de surveillance qu'elle acquerrait ou pourrait faire valoir – la politique suit des voies si tortueuses parfois! – afin que nous recevions notre droit de la Source la plus pure.
Les soldats Flamands ont écrit une lettre collective à leur vénéré Cardinal, le Primat de Belgique, pour lui demander de ne pas prendre position contre leur droit. Ils ont cru une telle demande nécessaire, parce que le Cardinal Mercier, étant Wallon et se trouvant devant un état de choses, qui a duré, hélas, pernicieusement longtemps, éprouvera une difficulté trop expliquable à vouer au soutien de notre cause toute l'ardeur qu'elle mérite, voire même à ne pas s'y opposer. Mais en nous adressant à Votre Sainteté nous n'éprouvons aucune sorte d'appréhension: notre droit, notre bien, notre petitesse, nos souffrances, notre espoir d'un sort un peu plus équitable, sont autant de titres qui nous assurent l'accès auprès du Vicaire du Christ, puisqu'ils nous assureraient l'accueil
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du Christ lui même.
Veuillez accepter, Très Saint Père, l'expression de la reconnaissance de plus de cent mille soldats Flamands, au nom desquels nous avons l'honneur de pouvoir exprimer à Votre Sainteté leur légitime espoir et leur confiance filiale. Ils regrettent que la composition dualiste de l'armée, comme de l'état Belge, les empêche de s'adresser à Votre Sainteté par la bouche de leurs chefs hiérarchiques. Maintenant ils s'adressent directement à Votre Sainteté, comme des enfants à leur Père, et Lui demandent sa protection dans la vie et sa bénédiction dans la mort.
Très Saint Père, voilà la demande que nous déposons avec un profond respect et une affection très filiale aux pieds de Votre Sainteté.
Dr. Daels, Professeur à l'Université.
Dr. Adiel De Beuckelaere.
Joris Van Severen.
Ernest Van der Borght.
Hilaar Gravez.
Jozef Haché.
Cesar Couvreur.
Philip De Pillicijn.
Karel De Schaepdrujver.
Pol David.
Jozef Van Dommel.
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Omer Coussens.
Huibrecht Vanderlinden.
Joris Lamoo.
Philip De Paepe.
Andries Devos.
Jozef Reynaert.
Empfohlene Zitierweise
Flämische Soldaten an BenediktXV. vom 05. Oktober 1917, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 538, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/538. Letzter Zugriff am: 29.03.2024.
Online seit 24.03.2010.