Dokument-Nr. 600
Bouzerand, Louis
an Benedikt XV.
Ingolstadt, vor dem 23. November 1917
Il y a quelques jours, nous avons eu la visite de Votre représentant immédiat, Son Excellence Monseigneur Pacelli, Nonce Apostolique en Bavière. Vous dire la joie que sa venue nous a causée, le réconfort qu'il nous a apporté, serait difficile. Combien nous avons été touchés de toutes ses bontés à notre égard; combien nous lui en sommes reconnaissants! Combien nous remercions davantage encore Votre Sainteté d'avoir pensé à nous, prisonniers du camp d'Ingolstadt, c'est ce que vous expriment les centaines des signatures que contiennent ces pages: autant de cœurs français, reconnaissants et émus de ce que le Pape tant aimé a fait pour eux.
A cette reconnaissance de mes compagnons de captivité, je voudrais joindre l'expression personnelle de la mienne: ayant la charge pastorale de leurs âmes, je
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manquerais à mon devoir si je ne venais Vous remercier, Très Saint Père, du bien que Vous leur avez fait, des consolations si douces que Vous leurs avez données. Elles allaient à Vous, jusqu'à Vous, nos pensées, nos affections, nos âmes tout entières, dans cette journée inoubliable du 20 Octobre dernier, lorsque Son Excellence était auprès de nous et nous consolait, en quels termes si émouvants! ... nous montrant toujours la valeur de la souffrance qui nous unit si intimement à Jésus crucifié. Elles allaient à Vous, nos âmes, parce qu'elles venaient de Vous, ces paroles que nous entendions, ces pensées pleines de foi qui nous pénétraient si profondément. Elle allait à Vous, Très Saint Père, plus que les autres peut-être et plus que jamais aussi, j'ose Vous le dire, mon âme de prêtre captif, car, en Votre envoyé, permettez-moi de Vous l'avouer, c'est Vous que j'ai reconnu! C'est Votre âme si grande, si haute, si pleine de la lumière de l'Esprit de Dieu; c'est Votre cœur, si sensible, si paternel, si compatissant à toutes les souffrances, si attentif et si délicat à les soulager. Ce que j'ai cru voir encore c'est Votre personne tout entière, jusqu'à votre physionomie et tout votre extérieur, si grande, si complète m'apparaissent la ressemblance entre le représentant du Pape et le Pape lui-même; combien alors j'ai compris jusqu'à quel point Celui que Vous nous aviez envoyé est le fils de votre cœur!Aussi, avec quelle joie j'ai pu l'approcher, lui parler, lui faire visiter notre chère petite chapelle du camp, où nous prions si souvent pour Vous, et dont j'ose vous envoyer l'image; avec quel intérêt je l'entendais me parler de Votre charge écrasante, mais aussi de votre vaillance et de votre confiance den Dieu. Ce fut une des meilleures heures de ma longue captivité, et je garde précieusement ces chers souvenirs, comme autant de grâces du ciel.
Combien donc je Vous suis reconnaissant, Très Saint Père! Combien aussi je voudrais partager Vos souffrances, Vos désirs, Votre idéal! Ici, en captivité, sur eux que partout ailleurs peut-être, nous comprenons ce besoin de la paix du monde et
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de la réconciliation des peuples, qui anime Vos démarches et qui inspirez Vos prières. Et pour la réaliser, cette paix si bienfaisante, nous comptons avant tout sur la Providence de Dieu qui tient en ses mains les destinées de toutes les nations. Nous ne sommes plus des combattants, nous sommes désarmés: il ne nous reste plus, pour défendre notre patrie, que la prière et la souffrance!C'est donc dans la prière et dans la souffrance, donc toujours en Jésus crucifié, que je m'unis à Vous, Très Saint Père, et, en vous demandant humblement pour tous les miens et pour moi, votre bénédiction paternelle, je Vous renouvelle encore mes remerciements, et j'ose vous exprimer l'assurance de ma vénération profonde et de mon attachement tout filiale,
Louis Bouzerand
Prêtre du diocèse de Dijon,
Aumônier du camp des Prisonniers – Ingolstadt.