Dokument-Nr. 6452
Villerabel, Pierre-Florent-André du Bois de la an Gasparri, Pietro
Abbeville, 23. April 1918

Copia.
Eminentissime Seigneur,
Permettez-moi de compléter la lettre que j'ai écrite au Saint Père et celle que j'ai adressée. En même temps à Votre Eminence, au sujet de la destruction de la ville d'Amiens. Ma Cathédrale, cet incomparable chef d'œuvre du XIIIe, la plus harmonieuse expression de l'art gothique, avait été légèrement atteinte. Rien ne me prouvait que l'artillerie et l'aviation allemande l'eussent directement visée. A l'heure actuelle, il m'est impossible de douter de la volonté ennemie de la détruire. Elle a été encerclée d'une pluie d'obus et atteinte par quelques uns. La voute est crevée en plusieurs endroits; la charpenté a été brisée; les orgues sont démolies; le triforium et l'abside ont été gravement blessés, les contreforts fortement touchés: c'est dire à Votre Eminence que l'œuvre de ruine est commencée et va être menée rapidement.
Sans parler de la douleur profonde de mon cœur d'Evêque, il me semble qu'il ya là une atteinte grave à religion.
Ma cathédrale reste strictement close et n'a jamais servi à aucun usage militaire. Toute affirmation contraire constituerait, de la part de l'ennemi, une erreur sans fondement.
D'autre part la ville d'Amiens n'a jamais été, pendant la guerre, une ville de garnison. Elle n'a eu que des hôpitaux. Seules les lignes de chemin de fer ont un intérêt stratégique. Or
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le tir allemand tend manifestement et de jour et de nuit non pas seulement à la destruction des voies ferrés, ce qui est admis entre belligérants, mais à l'anéantissement d'une ville ouverte et particulièrement de cette œuvre unique et d'une inégalable beauté qu'est la Cathédrale d'Amiens. Cette guerre nous a révélé la décadence de l'humanité qui, enorgueillie par le progrès matériel, a perdu la fleur de la civilisation chrétienne. Rien ne nous étonne plus. Cependant il y a certains actes qui constituent un attentat si grave contre le patrimoine commun de l'humanité et les legs des siècles, qu'une protestation émue jaillit de mon cœur et de mes lèvres.
Daignez…
+ André
Evèque d'Amiens.
Empfohlene Zitierweise
Villerabel, Pierre-Florent-André du Bois de la an Gasparri, Pietro vom 23. April 1918, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 6452, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/6452. Letzter Zugriff am: 27.12.2024.
Online seit 20.12.2011, letzte Änderung am 30.04.2012.