Dokument-Nr. 692

Le secrétaire d'état von Jagow sur l'égoïsme de l'Angleterre, Oktober 1914

La "Nationaltidende" de Copenhague publiait le 2 octobre les lignes suivantes de M. von Jagow, ministre des Affaires Étrangères en réponse à l'interview, récemment publiée, du sous-secrétaire d'état Acland:
Le sous-secrétaire d'état, M. Acland, attribue l'intervention de l'Angleterre à la violation de la neutralité belge par l'Allemagne. Je ne puis supposer qu'un personnage si important du Foreign office, ignore que Sir E. Grey dans son discours du 3 août ait expliqué à la Chambre des Communes que la veille dans l'après-midi, donc le 2 août, il avait déjà assure à l'ambassadeur le concours de la flotte anglaise au cas ou la flotte allemande attaquerait la côte ou la marine française. Or, c'est seulement dans la nuit du 3 et 4 août que la neutralité belge fut violée par des troupes allemandes. De même le sous-secrétaire d'état ne peut avoir oublié que Sir E. Grey dans sa conversation avec le prince Lichnowsky, le 1er août, a formellement refusé de promettre la neutralité de l'Angleterre au cas où l'Allemagne respecterait la neutralité belge. Il s'agit ici d'une nouvelle tentative, du reste peu habile, faite pour tromper le monde sur les vrais motifs qui ont poussé l'Angleterre à la guerre. On ne doit pas chercher ces motifs dans un amour altruistique de l'indépendance et de l'intégrité belge. Celles-ci n'étaient nullement en danger. Nous l'avions expressément assuré à l'Angleterre. Mais il est compréhensible qu'un pays qui a bâti son empire colonial sur les ruines d'autres états, un pays qui, mets de côté les promesses données et les traités internationaux, comme récemment encore l'Angleterre vient de le faire en Egypte, n'ait pas eu confiance dans nos assurances. Aussi dans l'imagination des politiciens anglais s'agita le spectre d'une occupation d'Anvers par les Allemands. De même que Sir E. Grey avait déjà promis l'aide de l'Angleterre au cas où Calais et Cherbourg seraient menacés par la flotte allemande, de même la crainte de voir une partie de la côte Sud de la Manche arrachée aux faibles mains de la Belgique et employée come base d'opération par la marine allemande le décida finalement non seulement à faire la guerre mais à encourager criminellement la résistance de la pauvre Belgique à l'invasion allemande. L'attitude de l'Angleterre a donc été purement dictée par son égoïsme brutal; c'est sur lui en somme, que retombe la responsabilité de toute cette affreuse guerre. Si aujourd'hui le sang des fils de l'Allemagne, de l'Autriche, de la France et de la Russie doit couler sur les champs de bataille du continent, c'est la politique anglaise qui en est responsable en première ligne. C'est cette politique qui avec sa formule de la sauvegarde de l'équilibre européen n'a cessé d'exciter les tendances chauvinistes en France et en Russie contre l'Allemagne et a ainsi amené l'état de tension sur le continent qui a culminé dans l'explosion actuelle.
Empfohlene Zitierweise
Anlage vom Oktober 1914, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 692, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/692. Letzter Zugriff am: 17.05.2024.
Online seit 24.03.2010, letzte Änderung am 10.09.2012.