Dokument-Nr. 7710
Crooy, Amédée Marie Léon an Gyseling, Freiherr von
Tournay, 24. November 1917
Je crois de mon devoir de vous signaler, d'après l'enquête que j'ai faite, quelques faits regrettable commis, par erreur sans doute, au cours des perquisitions opérés le 14 novembre courant dans les églises et les couvents des territoires soumis à votre inspection.
Des objets du culte et des valeurs ont été enlevés en divers endroits, malgré la déclaration formelle qu'aucune saisie de ce genre n'était ordonné. Dans plusieurs églises ou chapelles, on a obligés les prêtres à ouvrir le tabernacle, et même, dans un couvent, en l'absence de tout prêtre, on a ouvert le Saint Ciboire; ce qui constitue, pour nous catholiques, une profonation très-grave, d'autant plus que d'après les lois de l'Eglise catholique (Code du Droit canonique, canon 1269), il est notoirement défendu de déposer dans le tabernacle autre chose que le Saint Sacrement.
Dans quelques églises ou leurs dépendances, comme à Antoing, on a trouvé, parait-il, des objets prohibés, déposés dans des confessionnaux on ailleurs à l'insu du Curé et couvent malgré ses recommandations. Votre Excellence n'ignore pas, sans doute, que nos églises sont ouvertes à tout le monde, et il ne serait même pas étonnant que parmi le peuple incroyant et socialiste se soient rencontré des ennemis du clergé profitant volontiers de cette Circonstance comme d'une occasion propice de lui attirer des difficultés et des désagréments.
Il serait donc injuste de rendre les Curés responsables de ces dépôts clandestins, qu'il leur était impossible de soupçonner, d'empêcher ou de découvrir.
Dans quelques églises et chapelles, on a aussi saisi le vin de messe, malgré la déclaration formelle et écrite de votre prédécesseur M. le Général von Denk.
J'ose espérer, Excellence, que vous voudrez bien donner des ordres pour que ces erreurs soient réparées et que le culte puisse continuer à s'exercer librement dans les territoires soumis à votre inspection.
Veuillez, Excellence, agréer l'expression de ma haute considération.
(Signé) Am. M. Evêque de Tournay