Dokument-Nr. 8583

Frey, Carl: Front occidental. Au commencement de juillet 1917, in: Nationalzeitung und Anzeigenblatt der Stadt Basel, Nr. 471, 10. Juli 1917
[Übersetzung]
On comprend facilement que les Allemands, par suite de la supériorité numérique de leurs ennemis et en présence du fait que le nombre des puissances neutres diminue, aient éprouvé le besoin de nous faire voir à nous trois les camps des internés belges, afin que nous puissions nous en faire une idée impartiale. Voici mes impressions et je fais observer d'avance qu'on ne nous a pas montré des camps choisis exprès et prévenus, mais que deux minutes avant le départ de l'automobile on a laissé à notre discrétion de faire notre choix parmi les vingt camps existants. J'ai proposé tout simplement de visiter les camps d'après la carte et nous sommes partis. Nous avons vu d'abord le camp de baraques de Marle, où se trouvent des belges sans travail. La plupart d'entre eux sont des jeunes gens. Ils ont l'air d'être nourris normalement, stationnaient dans le camp ou jouaient à leur jeu national. Un orchestre était en train d'exercer dans un pavillon, se donnait une peine énorme, mais faisait entendre des dissonances affreuses. L'ordre et une propreté des plus minutieuses régnaient dans les baraques. Chaque interné recevait, au moins en double, tout son linge, dont le nettoyage hebdomadaire se faisait dans une blanchisserie. Les installations de douches ne manquaient pas non plus, ni une pièce pour la consultation médicale, etc. Nos soldats suisses seraient bien heureux s'ils étaient installés toujours aussi confortablement. Il ne manque pas même la fa-
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meuse désinfection contre les poux (Entlausungsanstalt). La nourriture consiste, par jour, en 450 à 500 grammes de pain, 100 grammes de viande, 1 litre et demi de soupe au ris, par exemple, que nous avons trouvée très bonne, parfois aux pommes de terre, et deux fois du café. Les internés ne travaillent que pendant six heures par jour, y compris l'aller à l'endroit du travail et le retour (constructions de routes, etc.). Ce nombre d'heures a été fixé par le médecin-major, homme de cœur qui nous a accompagnés pendant notre visite. Pourtant il y a parmi les internés des hommes qu'on doit plaindre sincèrement. Ce qui leur manque c'est la famille, le pays, la patrie et la liberté. Nous avons pu converser avec eux entre quatre yeux, parler notamment de la question du renvoi en Belgique, s'ils y trouvaient du travail. L'enquête définitive est faite par la commandanture de la localité où les internés prétendent trouver de l'occupation. Il va sans dire que beaucoup d'internés auxquels nous avons parlé dans les camps déclaraient en effet qu'ils avaient trouvé du travail. Chaque fois, le commandant nous a confirmé que l'enquête se faisait. On comprend que nous n'ayons pas pu faire davantage, cependant les chiffres suivants suffisent.
Des détachements d'ouvriers civils Nos. 4, 11, 16, 19 et 24, chacun d'eux composé de deux è quatre compagnies à faible effectif, 400 hommes en tout ont été renvoyés en Belgique. 996 hommes ont quitté les détachements et sont allés comme ouvriers libres dans la zone des armées et des étapes et dans les districts territoriaux.
D'ailleurs, on fait tout son possible pour soulager le sort des internés. Sans compter la nourriture et le logement, ils touchent un salaire de 40 à 60 centimes et peuvent
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acheter du tabac et des vivres dans des cantines.
Le médecin-major nous a assuré qu'il n'y avait eu qu'une seule épidémie de dysenterie, qu'on a surmonté en trois semaines. A Hirson, il y a un hôpital spécial de convalescence. Les médecins adjoints font un rapport détaillé tous les quinze jours. De plus, les internés peuvent écrire à leur famille une fois par semaine. Ils peuvent avoir aussi un congé pour aller en Belgique, mais il est vrai, sous escorte.
La situation dans les autres camps est la même, à St. Richaumont, où les internés sont logés dans une filature, Lemé, camp situé dans un joli verger, et à la Rouyerie, près de St. Gobert.
L'impression générale a été celle d'un ordre, d'une propreté à laquelle aucune autre nation n'est parvenue sauf les Anglais. Pourtant il faut plaindre ces jeunes gens, pour autant que ce ne sont pas des garçons de moralité défectueuse. Mais c'est la guerre. Et ceux qui m'accompagnaient me répliquaient qu'ils avaient offert aux ennemis d'entrer dans des négociations de paix. C'est un argument qui revient toujours et dont on ne peut méconnaitre la force. La prolongation de la guerre fait souffrir aussi les pauvres belges.
Le même jour, nous avons visité encore un cimetière à Colonfay, à l'est de St. Quentin, où reposent, inhumés de la même manière digne, les allemands et les français morts de la mort des braves dans la bataille de St. Quentin, le 29 et 30 août 1914. On a le cœur gros quand on lit des inscriptions comme celle-là: "Trois grenadiers inconnus". J'espère pouvoir faire reproduire une photographie du cimetière dans un journal suisse illustré. A St. Quentin, la garde prussienne surtout a versé son sang à flots et notre compagnon, un Berlinois du régiment Alexander, s'est arrêté la tête baissée, devant plus d'une tombe.
Carl Frey.
Empfohlene Zitierweise
Frey, Carl, Front occidental. Au commencement de juillet 1917in: Nationalzeitung und Anzeigenblatt der Stadt Basel, Nr.471 vom 10. Juli 1917, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 8583, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/8583. Letzter Zugriff am: 28.11.2024.
Online seit 24.03.2010, letzte Änderung am 25.04.2017.