Dokument-Nr. 9223
Ropp, Eduard Michael Johann Maria von der an Pius XI.
Moskau, 27. Juli 1918

Excellentissime Domine
Rogo Excellentiam Vestram ut mihi concedere dignetur ad positas quaestiones (in epistola sub n. 19) respondere lingua gallica in qua multo subtilius possum omnia explicare quae mihi necessaria videntur.
La question de l'érection d'un diocèse lette a été touchée par moi dans plusieurs de mes rapports au Saint Siège ces temps derniers. Je suis absolument d'avis, que ce serait fort désirable et même, ayant en vue l'espoir que ces pays seront une fois pour toutes libérés du joug russe, inévitable.
Cependant la manière d'agir des prêtres, qui se sont adressés à Mgr. le Nonce de Munique [sic] est tellement répréhensible, que je me vois obligé de punir les instigateurs.
Etant séparés depuis des mois du pays lette par l'occupation allemande, j'ai envoyé par un prêtre certains plein pouvoirs au plus sérieux et meilleur des prêtres de ce pays.
Au lieu de remettre ma lettre à l'adresse
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ce prêtre, poussé par le doyen de Russiten Mr. Rancan, s'est permis d'ouvrir ma lettre, et trouvant, de concert avec Mr. Rancan, les pouvoirs donnés par moi insuffisants, ils ont dirigé ce document avec la pièce mentionnée dans la lettre de Votre Grandeur à Munique et ont réuni pour un procédé pareil le soutien d'un assez grand nombre du clergé.
Trouvant un procédé pareil intolérable et ayant en vue que ces mêmes prêtres ont organisé l'automne dernier une espèce de conciliabule, qui au lieu de se tenir dans des limites canoniquement tolérables, s'est permis d'indiquer ce que je devais faire et qui je devais éloigner de son poste et ont essayé d'introduire une espèce de régime parlementaire dans l'église, ce qui leur a valu de ma part une admonition sérieuse ; j'ai envoyé au même prêtre, auquel était adressé mon premier document des nouveaux pleins pouvoirs, l'instituant pour le temps de la séparation de la métropole, mon vicaire général pour le pays lette avec tous droits administratifs et coercitifs et avec l'indication que les fautifs devraient être punis sévèrement.
Voilà pour le mode d'action de ces messieurs; ce sont des individus théologiquement peu développés et leur meneur un homme
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sans foi, plus protestant que catholique, qui doit être éloigné de son poste de curé et doyen aussitôt que possible, ce qui cependant pendant la guerre est presque impossible à exécuter. Tous ces messieurs sont des nationalistes lettes; l'état de l'Eglise en pays lette n'est déplorable, que en tant qu'il a des hommes pareils qui y sont en fonctions. Leur but est celui d'abord d'éloigner les prêtres lithuaniens qui travaillent en pays lette, uniquement faute d'un nombre suffisant de prêtres lettes plus catholiques que nationalistes. Puis ils veulent expulser complètement la langue polonaise, malgré que dans les villes comme Riga, Dunabourg, Wacłau et si l'on ajoute la Curlande, Mitau, Libau, Bauske, Golderigen, Tuckum, les polonais sont nombreux, en beaucoup d'endroits plus nombreux que les lettes, qui par places forment en comparaison avec les polonais et les lithuaniens une petite minorité.
Pour conclure, à mon avis l'érection d'un diocèse lette est fort désirable, mais non sous la pression de pareils éléments, afin de ne pas arriver à des résultats tels, qu'ils sont dans le diocèse limitrophe de Kovno.
Quant aux candidats mentionnés dans
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la pétition à Mgr. le Nonce leur choix est absolument louable. Le premier Mr. le chanoine Springowicz1 est précisément mon vicaire général pour la Lettonie. Mr. Trassun2 est un caractère inquiet, peu équilibré, d'un zèle assez douteux, mais c'est un homme intelligent et suffisamment mesuré. Le troisième nommé Mr. Skrynda3 passe pour bon prêtre, mais jusqu'ici c'est principalement comme journaliste lette, qu'il s'est distingué, c'est un nationaliste, mais assez modéré. J'avais nommé encore un quatrième candidat, Mr. Rancan4, pas à confondre avec son homonyme, le mauvais doyen de Rossiten, qui a fini ses études à l'Académie de Petersbourg et présentement vice-curé de Ste Catherine à Petersbourg, à environ 40 et quelques ans et est un homme sous tous les rapports recommandable.
Mon opinion se laisserait fixer en peu de mots de la manière suivante. Le diocèse est nécessaire; s'il y a à espérer que tous les pays lettes ne reviendront pas à la Russie, il serait peut-être mieux d'attendre un temps
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plus calme et une situation politique du pays plus sure et plus fixe. Si cependant il y avait danger que le pays en entier ou en fût restitué à la Russie, il serait désirable qu'un pareil malheur trouvât le fait de l'érection du diocèse accompli.
Voilà en toute humilité mon avis touchant la question posée par Votre Grandeur, que le Saint Siège jugera selon son bon vouloir et certainement sous la direction supérieure, que lui donne des lumières qui peuvent me manquer.
Agréez Monseigneur l'expression de ma considération et veuillez me croire de Votre Grandeur l'humble serviteur et frère en Notre Seigneur
Edouard de Ropp
Archevêque de Mohilew
N. B. Je me permette de joindre à cette lettre une pétition adressée au Saint Père, que je prie Votre Grandeur
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de vouloir lire et avoir la bonté de faire parvenir à son adresse.
1"Springowicz" hds. in roter Farbe unterstrichen, vermutlich vom Empfänger.
2"Mr. Trassun" hds. in roter Farbe unterstrichen, vermutlich vom Empfänger.
3"Mr. Skrynda" hds. in roter Farbe unterstrichen, vermutlich vom Empfänger.
4"Mr. Rancan" hds. in roter Farbe unterstrichen, vermutlich vom Empfänger und am linken Seitenrand hds. vermerkt: "RANCAN".
Empfohlene Zitierweise
Ropp, Eduard Michael Johann Maria von der an PiusXI. vom 27. Juli 1918, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 9223, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/9223. Letzter Zugriff am: 26.04.2024.
Online seit 17.06.2011.