Dokument-Nr. 9643
Guérin, Louis an Gasparri, Pietro
Paris, 27. Mai 1918

Eminence
Voilà que se produit déjà une difficulté à propos du récent accord conclu à Berne entre les deux gouvernements Français et Allemands.
Au cours de la récente discussion de cet accord on s'est bien occupé des ôtages de 1918 encore actuellement détenus en Russie et à Holzminden, mais on a omis de mentionner les premiers ôtages enlevés en pays envahi et spécialement dans la région de Lille, Douai,
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Valenciennes qui étaient partis le 1er Novembre 1916 et qui ont depuis été ramenés chez eux.
Plusieurs qui étaient dans les conditions d'âge et de santé à être repatriés en France libre avaient demandé à y rentrer par la Suisse au lieu d'être reconduits à leur domicile.
Il leur avait été répondu que cette faveur ne leur serait accordée que lorsqu'on se serait entendu sur la question des internés civils.
Voilà maintenant cet accord conclu et on a oublié les malheureux ôtages de 1916.
Cependant, lorsque je suis allé à Berlin ou mois de Septembre dernier au Kriegsministerium, le Mayor Pabst von Ohain, bras droit du Général Friedrich, discutant avec moi
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de cette affaire, m'avait déclaré, motu proprio, qu'on rendrait sens de ces ôtages qui étaient dans les conditions voulues pour être repatriés si on arrivait un jour à se mettre d'accord sur la question des internés civils.
Au quai d'Orsay, on avait reçu au cours des récentes négociations de Berne, un jour ou elles prenaient mauvaise Tournure, de la Délégation, une dépêche demandant qu'on me fasse venir pour Tâcher d'arranger les choses, puis les tractations étant en meilleure voie, on n'a pas voulu me déranger.
Si j'avais été présent, je n'aurais certes pas manqué de reprendre l'offre qui m'avait été faite par le Mayor Pabst von Ohain.
Devant cette omission, j'ai demandé aux Affaires Etrangères de reprendre la question, mais ici, malgré le désire qu'on a
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de venir en aide à nos compatriotes, on s'y refuse, craignant que la chose soit mal prise par les Allemands parce qu'on aurait l'air de revenir sur une affaire qu'on a eu tant de peine à mettre au point; on me prie seulement d'agir personnellement en m'aidant de ce qui s'est passé avec moi à Berlin au mois de Septembre et on me laisse le soin de tâcher d'obtenir le retour des ôtages en question.
Je le fais bien volontiers et j'envoie à Son Excellence le D. Kriege d'une part et au Mayor Pabst von Ohain d'autre part les deux requêtes dont copies incluses.
Je ne saurais trop exprimer ma reconnaissance au St. Siège si, voulant m'aider, une fois de plus, de sa haute influence en cette affaire, Votre Eminence voulait bien intervenir et appuyer ma requête de manière à en faciliter le succès.
Ce sera pour nous Français un motif nouveau de gratitude, inspiré par le dévouement que Sa Sainteté et Votre Eminence
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auront bien voulu, en toutes circonstances, mettre au service de mes malheureux concitoyens et c'est pour moi personnellement une occasion que je saisis cette fois encore avec empressement d'exprimer à Votre Eminence, avec mes hommages les plus respectueuses, mes sentiments de profonde reconnaissance.
Guérin
Empfohlene Zitierweise
Guérin, Louis an Gasparri, Pietro vom 27. Mai 1918, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 9643, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/9643. Letzter Zugriff am: 23.04.2024.
Online seit 20.12.2011, letzte Änderung am 30.04.2012.