Dokument-Nr. 12091

Article du Stockholmstidning. Stockholm, 13. September 1923

Les intrigues politiques à l'occasion du Concordat entre le St. Siège et la Lettonie , au sujet de l'église de St. Jacques, qui a été cédée aux catholiques.
Le ministre de Lettonie à Stockolm explique la cause de la lutte.
Le vote général a lieu grâce à la coercion [sic] d'une minorité.
Le chargé d'affaires de la Lettonie, Mr. Karl Duzmans, est rentré ces jours-ci à la capitale de son [semestre] <congé>1.Puisque la lutte autour de l'église de St. Jacques parait être finie après le vote général, un journaliste du Stockholmstidningen est allé trouver le ministre et a eu de lui un compte-rendu, très intéressant, du point de vue letton, vis-à-vis du jeu politique, qui se cache derrière le Concordat entre la Lettonie et le St. Siège, ainsi que de la lutte qui s'est élevée ensuite. Mr. Duzmans a fait remarquer plusieurs faits qui peuvent éclairer l'histoire de "la rapine d'église."
C'est une minime partie de l'opinion en Lettonie qui, à l'égard de cette question mène une campagne acharnée contre le gouvernement et contre la majorité du parlement, dit le ministre. Elle compte environ 80% allemands et 20% juifs, russes et lettons. Des 150.000 citoyens qui ont signé la pétition pour obtenir le vote général, environ 120.000 étaient allemands, russes ou juifs, tandis que seulement 30.000 lettons, c'est –à-dire 3½% de la population lettoniene [sic] ayant droit de voter, y a pris part.
Mr. Duzmans touche ensuite au Concordat. De longues délibérations ont précédé la décision finale, plusieurs projets ont été émis et ont été sous discussion publique en Lettonie. Le Concordat dure pendant trois ans ; il peut dés lors être dédit, si on le désire.
Dans l'article du Concordat, où l'on parle
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de ce qu'une cathédrale sera remise à l'Eglise catholique de la Lettonie, il n'est pas fait mention si celle-ci doir <devait>2 être une ancienne ou une nouvelle église. On ne pourrait donc, dit Mr. Duzmans, parler d'un acte tyrannique de la part du St. Siège et encore moins d'un danger pour le protestantisme. Il faut d'ailleurs souligner, qu'il n'a jamais été question que l'église de St. Jacques devrait être remise aux catholiques parce que, autrefois, elle avait été une église catholique. Personne en Lettonie ne reconnaitrait un tel principe et moins encore le gouvernement letton.
Construire une nouvelle église afin de pouvoir, en la donnant, remplir une décision du Concordat, fut impossible pour la caisse de l'état letton. Des milliers de paysans vivent encore dans des caveaux <sous>3 de terre et des fossés <tranchées>4 de guerre abandonnés, des milliers d'orphelins doivent être élevés, des valeurs nouvelles doivent être produites; ainsi pae [sic] exemple, il faut remplacer les 35.000 wagons de chemin de fer, que le russes ont transporté de Riga, et qui n'ont pas été rendus à la Lettonie. Enfin, beaucoup d'église par tout le pays sont en ruines et attendent que l'Etat se met [sic] à les reconstruire. De sacrifier 10.000.000 de roubles pour bâtir une cathédrale sous de telles circonstances, n'est pas l'affaire d'un gouvernement responsable.
À Riga se trouvent cinq grandes églises, qui peuvent servir comme cathédrales. De celle-ci 4 sont luthériennes : La Cathédrale, St. Pierre, St. Jacques et ancienne église de Ste. Gertrude. Les grecs-orthodoxes ont leur cathédrale sur le plus beau site de la ville : elle est construite par le gouvernement russe pendant le période de son zèle de russification. La paroisse lettonne a seulement accès à l'une des cathédrales luthérienne, la plus petite et la plus modeste, et ceci encore en commun avec la paroisse allemande, à celle de St. Jacques. Les Allemands disposent des trois autres églises luthériennes, qui sont les plus magnifiques, quoique ils sont en minorité parmi la population
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de Riga. Ils ont ce privilège du temps où, sous le règne russe, ils étaient les vrais maîtres de Riga et de toute la Lettonie. La distribution des églises cathédrales est restée la même depuis 400 ans, du temps de la réformation, lorsque la population consistait principalement d'Allemands, tandis que les le lettons demeuraient à la campagne.
On ne peut nier, que c'était un sacrifice pénible pour les lettons luthériens, dit Mr. Duzmans, de céder l'église de St. Jacques. Mais en allant au devant des désirs des lettons catholiques, par le sacrifice d'un temple protestant, le gouvernement et le parlement letton, qui sont en grande partie protestants, ont montré une tolérance religieuse qu'on ne pourrait apprécier trop haut. Le gouvernement letton a pensé que si, dans un moment de gêne, l'État n'a pas les moyens de bâtir une nouvelle église et si les catholiques lettons ont le droit <d'avoir,>5 eux aussi, une cathédrale dans la capitale du pays, où non seulement les luthériens, mais aussi le petit nombre d'orthodoxes, en ont une, il est naturel de mettre une des quatre cathédrales par esprit chrétien à la disposition de l'évêque catholique letton.
Désormais le petit nombre de paroisses allemandes, qui seules, possèdent les trois plus grandes et plus belles cathédrales de Riga, pourront très bien se tirer d'affaire avec deux; car la grande cathédral pourra recevoir la paroisse évangélique lettonne, qui est obligée de quitter St. Jacques.
Mr. Duzmans nous fait remarquer que dans le formulaire du vote général le vœu suivant est exprimé: que toute église devra appartenir à la confession, qui la possédait le 1 août 1914, c'est-à-dire à l'époque, où le gouvernement russe et la noblesse propriétaire allemande, qui possédaient 48% de la terre, furent les maitres de la Lettonie présente.
"Ceci ne vous fait-il pas deviner, d'où vient le vent," demande Mr. Duzmans, et il ajoute "du sublime au ridicule il n'y a q'un [sic] pas …"
Le gouvernement russe nous dit-il encore, a laissé, pendant ses efforts de russification, des églises orthodoxes pleuvoir sur toute la Lettonie, même là où les orthodoxes étaient faciles à compter. Puisque maintenant la bureaucratie et l'armée russe sont disparues et
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qu'environ 95% de la population ne sont pas orthodoxes, il n'y avait pas de raison de garder ces églises. Mais est-ce l'affaire des luthériens de combattre pour que toutes ces églises soient gardées par les paroisses orthodoxes, même là où elles n'existent plus. Un État, qui est en grande partie protestante [sic], doit-il éternellement avoir ses villes et ses campagnes pleines d'églises d'un culte étranger, en souvenir d'un temps malheureux?
Dans le formulaire de vote, on dit confession, mais une confession n'est pas une personne juridique. Si l'on analyse le formulaire on s'aperçoit que la confession est représentée par les paroisses, qui disposaient des églises. Il y avait probabilité juridique, que le droit de propriété aux églises serait attribué à ces paroisses allemandes, qui existaient, lorsque les lettons étaient encore des serfs et n'avaient pas de droits civils – ainsi ne pouvaient posséder de biens fonciers. Status quo ante bellum amènerait des luttes sans fin autour des églises de la Lettonie et quant à Riga signifierait que la minorité allemande pourrait garder à elle seule toutes les cathédrales, ce qui ferait grand tort au culte religieux de leurs co-religionnaires lettons. La décision du gouvernement visait donc à ce qu'une cathédrale appartiendrait aux lettons luthériens, une aux lettons catholiques, et deux resteraient aux luthériens allemands, quoique la justice demanderait que les allemands étant en minorité se contenteraient d'une. Il convient ici de rappeler, que les plus grandes églises de Libau et de Mitau sont entre les mains de la minorité allemande.
Mr. Duzmans soulignait de plus la nécessité du Concordat à cause du Lettgallen [sic] catholique. Il est clair que le gouvernement letton, au moment où la Lettonie s'est constituée en état indépendant ne pouvait consentir à ce que l'administration de l'église catholique lettonne serait partagé en trois domaines: sous les évêques de Riga, de Kovno /en Lithuanie/ et sous l'archevêque de Mohilev /en Russie/. Encore, ces évêques étaient tous de nationalité étrangère et les deux, dont l'un était l'archevêque, résidaient hors du pays. Le gouvernement letton avait donc quatre questions à résoudre: d'amener tous les
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catholiques du pays sous la même administration, ayant son siège dans le pays même; rendre l'église catholique lettonne indépendante d'influence étrangère par une communication directe avec le St. Siege; obtenir que la direction suprême des catholiques lettons soit lettonne et non pas polonaise, et qu'un letton serait nommé archevêque; s'assurer que l'archevêque ne soit nommé qu'avec le consentement du gouvernement letton. Tout ceci fut assuré par le Concordat avec le St. Siège.
Puis le ministre touchait au côté juridique de la "rapine d'église". La loi de l'expropriation de l'église de St. Jacques fut décidée du parlement par voie légale. De [sic] point de vue juridique on a aussi peu de raison de proclamer <cet acte>6 comme rapine d'église, que lorsque la noblesse baltique allemande au 17ème siècle marquait comme telle la réduction par le gouvernement suédois de 80% des propriétés de la noblesse en Livonie. Quant à l'église de St. Jacques c ' est l'Etat qui en est le propriétaire. Lorsque Gustave II Adolphe en 1618 expropriait l'église de St. Jacques des catholiques, il ordonnait que l'église devait appartenir à la couronne donc à l'État – et elle a toujours continué à garder cette qualité. Gustave Adolphe en a fait un temple de garnison; puis sous l'époque russe on y tenait "sermon du parlement" pour la chevalerie et les provinces, qui y furent saluées par le gouverneur. Maintenant le gouvernement letton s'est chargé de ce dominium directum, comme jadis l'État russe par la noblesse baltique a hérité les droits propriétaires de l'État suédois. En ordonnant par voie légale que le droit d'usage doit être transmis de l'usufruitier actuel, la paroisse allemande évangélique, à un autre usufruitier, l'archevêque catholique letton, l'État letton n'a usé que de son droit de propriétaire et ceci en toute justice.
Quant au portrait de Gustave Adolphe, c'est par piété et signe de respect pour la mémoire du grand combattant de la réformation, que les autorités lettonnes n'ont pas voulu <le>7 laisser dans l'église de St. Jacques, qui devient une église catholique. Le portrait est le seul objet, qui va quitter St. Jacques. On le mettra dans la cathédrale, où se réunira désormais la congrégation évangélique de St. Jacques.
40r, am oberen Seitenrand hds. von unbekannter Hand notiert: " Stockholm, 6. X. 23.Beilage zum Brief v. 17. IX. 23 + Johannes Ev. Erik Müller".
1Masch. gestrichen und eingefügt.
2Masch. gestrichen und eingefügt.
3Hds. von unbekannter Hand eingefügt, vermutlich vom Verfasser.
4Hds. von unbekannter Hand eingefügt, vermutlich vom Verfasser.
5Masch. eingefügt.
6Masch. eingefügt.
7Hds. von unbekannter Hand eingefügt, vermutlich vom Verfasser.
Empfohlene Zitierweise
Anlage vom 13. September 1923, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 12091, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/12091. Letzter Zugriff am: 26.04.2024.
Online seit 23.07.2014, letzte Änderung am 01.09.2016.