Document no. 9996
Meyer, Carl to Pacelli, Eugenio
Minden, 08 August 1918
Que Votre Grandeur veuille bien m'excuser, si je n'ai pas donné à Sa lettre du 1. courant une reponse immédiate. Je voulais auparavant m'entretenir avec M. Marino, et je n'ai pu aller au camp qu'hier seulement. Mr. Marino a été très heureux d'apprendre que S. G. Mgr. L'archevêque de Capone pense à lui et s'occupe si paternellement de lui. Il n'a pas formulé de désir spécial, sinon celui d'être échangé à titre d'employé au service de santè; il m'a prié aussi de dire qu'en sa captivité sa plus grande consolation est de travailler comme pasteur des âmes de ses codétenus italiens et tout particulièrement de pouvoir assister et consoler les malades.
La "Kirchliche Kriegshilfe" m'a plusieurs fois transmis des demandes de Son Eminence le cardinal Secrétaire d'Etat ou de la nonciature; c'est pourquoi, il y a quelque temps, je lui ai envoyé un rapport détaillé sur les prisonniers italiens, notamment sur les ecclésiastiques, et transmis quelques désirs. Le contigent italien, d'environ 10.000 hommes, est arrivé ici en novembre de l'an dernier. Dès
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les premiers jours, à l'occasion d'un enterrement,
j'appris qu'il se trouvait des ecclésiastiques parmi eux. Au camp, on était encore en plein
travail pour la cartothèque, on ne savait pas qu'il y eût des ecclésiastiques parmi les
prisonniers. Par l'intermédiare d'un des secrétaires, – séminariste italien, – je réussis à
savoir qu'il y avait trois prêtres, qui me furent aussitôt présentés. A la suite de leurs
aventures, il paraissaient très déprimés, mais ils purent se légitimer par des attestations
épiscopales. Il me supplièrent de m'occuper d'eux, la vie en commun avec les autres
prisonniers leur était particulièrement pénible. Comme je savais que les prisonniers italiens seraient bientôt transportés ailleurs, je fis immédiatement une demande, pour que les ecclésiastiques italiens reçurent l'autorisation d'exercer le ministère pastoral auprès de leurs compatriotes, surtout auprès des malades, nombreux, car moi je ne sais pas l'italien et je n'étais pas en état, vu l'éloignement du camp, de suffire en service pastoral des malades. Environ 4 semaines après je reçus de l'Inspection à Munster la nouvelle que les prisonniers italiens Dionysini Pio (Laguedon), Franziscus Marino et Catellar Morotta, étant reconnus comme ecclésiastiques, pouvaient
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être occupés au ministère pastoral. Il reçurent alors
un local particulier et, depuis, ils ont l'occasion de dire la messe tous les jours et de
faire le service divin pour les prisonniers italiens dans la chapelle du Bloc III. Vers le
nouvel an ils furent transférés en bloc I, où il partagent le local des prêtres français,
dans le voisinage immédiat de la chapelle, où, avec la bienveillante autorisation de Votre
Grandeur, le Saint Sacrement est gardé depuis nouvel an 1915. Le service divin y est fait
avec dignité, aux jours de fête avec grande solennité. Le troisième ecclésiastique, Marotta,
ainsi que me l'avait appris l'Inspection en réponse à une demande, fut affecté au service
pastoral du camp de Munster. Les deux autres travaillent avec beaucoup de zèle pari leurs
compatriotes, visitent régulièrement les malades et déploient une grande activité. La
"Kirchliche Kriegshilfe" m'a envoyé un sermonnaire italien un peu ancien; je n'ai pu obtenir
de sermonnaires plu récents, afin de leur donner satisfaction, bien que je me sois adressé à
diverses personnes. Les deux prêtres sont d'habiles prédicateurs. De prime abord j'eus
l'impression qu'ils étaient des prêtres digne, dévoués aux âmes, c'est pourquoi je n'hésitai
pas de confier à l'un d'eux (Pio) des intentions de messes, avant que S. E. le cardinal
Secrétairs d'Etat en eût exprimé le désir. 30v
Maintenant ils
ont de nombreuses intentions. Par la lettre de Msgr. L'archevêque j'ai pu me convaincre que
je ne m'étais pas trompé dans mon jugement sur le prêtre Marino.Tandisque j'avais autrefois constaté peu d'intérêt pour la religion chez des ouvriers italiens, le zèle religieux des prisonniers italiens est intense, les malades demandent de bonnes heure et sans exeption les sacrements. Les frères lais, etudiants en théologie, – il y en a eu ici quelques-uns, ont été envoyés ailleurs; un frère capucin est mort dernièrement de façon fort édifiante à notre hôpital. Son transport au couvent de Munster n'était plus possible.
Deux des prêtres français, – dont un jésuite, – sont partis dimanche pour un camp d'officiers en Saxe, en sorte qu'il nous reste encore au camp 5 prêtres français et deux italiens.
Je me permets de joindre à cette lettre ne vur de l'autel du Bloc I.
Je suis, avec le plus profond respect, de Votre Grandeur le très humble serviteur,
Signé: C. Meyer, Propst.