Document no. 2466
Benedikt XV. to Muhammed V. Reşad
Vatican, 12 March 1918
A l'appel que Nous adressions, le 10 Septembre 1915, à Votre Majesté pour qu'Elle prît en pitié le sort des malheureux Arméniens, Votre Majesté répondit le 10 du mois de Novembre suivant en Nous donnant à ce sujet des explications et des assurances. Et de fait, dans le profonde tristesse où Nous tenaient les maux de la guerre, ce Nous fut un puissant réconfort d'apprendre par la suite, qu'une amélioration sensible était survenue dans la condition de ce malheureux peuple, menacé d'un désastre si épouvantable.
Cette heureuse conséquence de Nos pressantes prières, cette preuve palpable de bonnes dispositions de Votre Majesté, Nous portent en ce moment à Vous faire part de l'angoisse où Nous jettent les renseignements qui, derechef parviennent jusqu'à Nous, et les craintes que Nous ressentons de voir se renouveler pour ces infortunés les souffrances inénarrables endures par le passé.
En vertu du traité de paix, que les armées de Votre Majesté, unies à celles de Vos Alliés, ont impose à la Russie, des territoires considérables rentrent sous la domination de
37v
la Turquie, et ces contrées sont en grande partie habitués par des Arméniens.De grâce, que l'on épargne et que l'on protégé les populations désarmées et innocentes; c'est un don des Puissants, que de savoir pratiquer la générosité et la miséricorde. Et maintenant qu'il n'y a plus de motifs de craindre, maintenant que cessent les raisons d'ordre militaire signalées par Votre Majesté dans Sa lettre du 10 Novembre, et que bien au contraire l'Empire Ottoman étend au Nord ses vastes domaines, puissant les pauvres Arméniens voir s'abaisser sur eux en abondance la pitié et la clémence Souveraines!
Espérant que Votre Majesté voudra bien se rendre à Nos exhortations et que, dans un sentiment élevé de justice et de clémence Elle daignera prendre des dispositions opportunes en faveur de ces malheureux si éprouvés par la guerre, Nous prions Votre Majesté d'agréer les meilleurs vœux que Nous formons pour Sa conservation et Sa prospérité, ainsi que pour le bonheur de ses peuples.
(signé) Benedictus PP. XV.