Document no. 2673
Locatelli, Achille: Rapport sur la situation des prisonniers italiens internés à la Citadelle de Liège.. [Brüssel], before 25 May 1918
Nourriture :
de l'avis même des soldats allemands, les prisonniers italiens meurent de faim. Les colis d'Italie ne leur parviennent pas par représailles ai-je entendu dire. Si par hasard quelques paquets s'égarent chez eux, ils sont avariés & sont en route depuis des mois : en voici la raison. Ces prisonniers dépendent du camp de Münster. Ils ont été envoyés au front Ouest pour travailler puis, malades ou débilités sont expédiés aux lazarets de Liège.
Les colis doivent donc faire le même trajet : Münster, Front Ouest, Liège.
La nourriture que les prisonniers reçoivent du camp est insuffisante.
J'ai vu le souper : un petit bol de soupe, de l'eau brunâtre sans féculent ni légume, un morceau de pain & 7 à 8 centimètres de ce que l'on appelle chez nous du boudin noir.
Vêtements :
Ceux qui existent encore sont sales & déchirés.
Ce sont des haillons. La plupart des prisonniers n'ont plus chemise. Les chaussettes & les chaussures sont presque inexistantes. Des chiffons noués de ficelle en tiennent lieu. Quand pour l'une ou l'autre raison les vêtements passent à l'étuve, les prisonniers doivent se draper dans leur couverture jusqu'à ce que l'opération soit terminée. La situation hygiénique est très mauvaise : les italiens sont malpropres un peu par leur faute mais surtout par manque de linge de rechange & manque de savon.
Il m'est revenu que des prisonniers italiens s'ont pas de lit & dorment sur le sol ; ceci, il m'a été impossible de vérifier, ne pouvant pas pénétrer dans les chambrées.
Il y a énormément de tuberculeux &, en cas d'épidémie c'est parmi les italiens qu'il y a le plus de victimes. Plusieurs décès chaque jour, sans compter les malheureux qui, par exemple, se jettent par la fenêtre du troisième étage.