Document no. 2862

Volksrat des Distrikts Stuhm: Mémoire du Conseil populaire du district de Sztum sur la pression effectuée par le clergé allemand sur les districts plébiscitaires.. Frauenburg, 19 August 1919

Vu la pression extraordinaire effectuée par le clergé patriotique allemand du diocèse de Warmie sur notre nation, le conseil populaire du district de Sztum se voit forcé de soumettre le matériel et faits suivants à <Son Excellence Monseigneur Pacelli, Nonce Apostolique à Munich>.1 >
I. Nous constatons dans l'histoire de la Pologne démembré le détachement de certaines parties des diocèses de Chełmno et de Włocławek et leur union forcée au diocèse de Warmie, selon la bulle papale de « Salute Animarum ». Il s'agit des décanats de Sztum, Kiszbork (Christburg), Malbork (Marienburg), Nitych et Fürstenwerder. Le motif caché de cet édit obtenu par le gouvernement prussien de l'autorité pontificale était de faciliter la germanisation et l'expansion de la doctrine luthérienne dans ses contrées alors purement catholiques et polonaises. – À citer comme preuves "Fontes de la Société des Sciences à Thorn IV 1900 pag. 99-150, an. IX pag. 156-157.
Il s'agit donc de reconquérir pour le bien de l'Eglise et de la Pologne ces contrées luthéranisées et germanisées pendant 100 ans. L'occasion s'y présente lors de la constitution des frontières nouvelles de la Pologne de son gouvernement séculier et ecclésiastique.
II.  La persécution de la population polonaise des districts
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soumis au plébiscite.
La pression germanisatrice effectuée par les autorités de l'Église et scolaires est inaltérée et aussi pesante qu'autrefois.
Le clergé allemand, presque sans exception, s'est déclaré du côté des germanisateurs luthériens.
Les instituteurs de villages catholiques et luthériens sont soutenus dans la haine de tout ce qui est polonais et propagent la germanisation et ce qui s'en suit – la luthéranisation.
Notre district de Sztum (Stuhm) conte 70 % de Polonais, les autorités allemandes exceptées.
Vu les faits susdits, nous supplions les autorités ecclésiastiques de vouloir nous envoyer des missionnaires polonais pour aviver les sentiments, car le peuple identifie les notions du Polonisme avec le Catholicisme, de l'allemand avec le luthéranisme.
Exemples de la pression effectuée par le clergé catholique:
a) Le prêtre nommé Mondry, Polonais de naissance et de cœur, fut transféré déjà l'année 1912 de Stary Wardembork à Koenigsberg (où il n'a aucun champ de travail) à cause d'une dénonciation de la "Regierung" au siège épiscopale, qu'il avait soi-disant loué une femme d'avoir acheté à son enfant un livre d'étude polonais, qu'il s'adressait les gens en polonais, qu'il avait pris part à la fondation d'une salle de lecture polonaise et d'une société agricole. Après 7 ans d'exil à Koenigsberg il fut transféré à Reichenberg près Heilsberg, district encore plus éloigné, à cause de soupçons non avérés qu'il s'appliquait à la propagande polonaise à Koenigsberg (!). Après deux mois, ayant prié
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d'être transféré dans une contrée polonaise, où il pourrait travailler efficacement – il fut assuré d'être exaucé, mais fut envoyé comme remplaçant dans une partie allemande de la ville libre de Danzig. Il est à présent sans place, sans réponse, sans travail, pendant que:
b) est toléré le curé de la localité purement polonaise, Schoenwiese (décanat de Kiszbork-Christburg), nommé Mayska, hakatiste acharné quoique connaissant à fond la langue polonaise, fameux à cause de ses assemblées politiques, arrangées tous les dimanches sous l'église, pendant lesquelles il attaquait et injuriait tout ce qui est polonais et propageait l'idée de fonder une république indépendante de l'évêché de Warmie, avec l'évêque Bludau à la tête. Ce ne fut que quand les autorités civiles, craignant une machination antigouvernementale se mêlèrent de l'affaire – que l'évêque Bludau interdit les assemblées politiques, qui furent cause de grand scandale parmi le peuple.
À citer comme preuves, ci-adjoint article du "Danziger Zeitung" excusant le curé Manska comme étant de bonne foi, son travail étant de bonne foi, son travail étant visiblement antipolonais. Ce curé reste à sa place nonobstant le scandale causé par ses débuts politiques, effectués en l'entourage de soldats armés du Grenzschutz contre ses ouailles mêmes, nonobstant les preuves d'ivrognerie notoire envoyées par le Conseil Populaire du district au consistoire épiscopale, malgré les troubles et désordres dont il est cause en révoltant le peuple contre les propriétaires polonais (Harangue politique citée par la "Christburger Zeitung".)
c) Furent tolérés les discours politiques du doyen Remigowski (allemand) à Sztum, qui durèrent toute la guerre, jusqu'à ce qu'il se soit retiré lui-
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même de la paroisse voyant ses rapports avec les ouailles tout-à-fait compromis.
Il fut, de commun avec le Landrat Anvers de Sztum, connu pour sa haine contre les Polonais, l'un des appuis de la Vaterlandspartei. Ses harangues politiques annoncées par avance dans le "Kreisblatt", organe officiel de Landrat, font suffisamment preuve de son "impartialité" et de ce qu'il fut membre du partie politique poussant à la guerre à l'outrance.
Ses incessantes chicanes des services et chants polonais à l'église le rendirent impossible à la paroisse. Ses influences auprès du siège épiscopale sont grandes et son nom polonais le fait traiter de "polnischer Geistlicher", ce qui suffit pour qu'on le considère comme candidat propre aux paroisses polonaises.
d) Est toléré le curé de Straszewo district de Sztum Połomski, qui quoique impartial et juste, atteint d'une grave maladie de cerveau propre à sa famille (dont les frère aliéné) a cherché à se donner la mort en se jetant dans un puits, ce qui a profondément compromis sa position.
D'autre part, l'effroi de se rendre "politiquement suspect" est tel chez le clergé vraiment polonais que nous croyons devoir citer les faits suivants:
e) Le successeur du curé Remigowski à la paroisse de Sztum, nommé Neumann, de famille polonaise, hésite de consacrer une salle d'asile (crêche) pour enfants polonais. Ce n'est qu'à force de pétition de l'association de femmes catholiques de S. te Kunegunda qu'on parvint à le convaincre de le faire, sans aucune pompe et solennité.
f) Le vicaire de Stary Targ (Altmarkt), décanat de Sztum, nommé Debski, polonais cœur et âme,
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site à publier une assemblée de ladite association de femmes, quoique les assemblées du Arbeiterverein allemand sont toujours est consécutivement publiées de la chaire. Il n'a pas encore commencé son travail dans cette même société comme conseiller et directeur moral – qu'il est déjà en possession d'une lettre de l'évêque Bludau, lui prêtant conseil de ne pas se mêler de "politique".
g) On tolère, que tout le chapitre du diocèse de Frauenburg s'est enrôlé dans les rangs du fameux Grenzschutz, formation militaire spéciale contre l'une des nationalités du pays – nonobstant le comisme [sic]disgracieux de cet acte.
h) On fit cause grave au curé de Dżwierzuły-Mensgut, district de Ortelsburg – nommé Palmowski (pendant une enquête pour d'autres causes) de ce qu'il s'était exprimé qu'il n'irait pas à la rencontre des autorités polonaises avec une épée à la main, mais avec la croix et les bannières.
i) Le vicaire de Rastembork, Rogaczewski, est en possession d'une lettre de l'évêque Bludau, qui lui fait savoir qu'il n'aura pas de place jusqu'à ce qu'il n'ait fait promesse de ne pas s'occuper de "national polnische agitation"
j) L'évêque lui-même, homme juste et autrefois surement impartial, agit comme ce qui suit: (à citer comme preuve ci-adjoint No. 1)
La paroisse de niemecka Dabròwka (Dt. Demmerau) district de Sztum, a
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yant e nvoyé une requête suivie de 300 signatures demandant la réactivation des offices et chants polonais abolis il y a vingt ans-fut assurée de la bienveillance de l'évêque, et les députés obtinrent la promesse voulue. Par contre, la lettre ci-jointe en copie fut adressée au curé (allemand), en laquelle l'évêque avoue la nécessité de se conformer à la requête, mais donne le conseil de ne pas faire de changements à l'église pour ne pas "échauffer les esprits"de quelques Allemands de la paroisse.
L'évêque qui tient à être juste, incombe malheureusement à l'influence de son entourage, qui est choisi ad hoc. A citer la forte influence du chanoine Zander de Gnesen, où il fut connu de son esprit antipolonais, ancien candidat au siège épiscopal de Posen; cette même influence se fait ressentir sur le secrétaire épiscopale, le Dr. Mueller, homme très lettré et autrefois impartial qui étudiait la littérature polonaise – maintenant décidément du parti opposé.
Comme supplément nous ajoutons une liste de quelques écoles du district avec statistique du nombre d'enfants catholiques et luthériens, pour prouver la pression luthérienne par voie des instituteurs :
Trankwice 40 enfants cathol et 6 enfants luth. instit. luthér.
Jordanki 36 enfants cathol et 6 enfants luth. instit. instit. luthér.
Szropy 90 enfants cathol et 22 enfants luth. instit. instit. 2 luthér.
Szenwieza 100 enfants cathol et 1 enfants luth. instit. instit. 1 cathol et 1 luthér.
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Sztumska Wies
150 enfants cathol et 6 enfants luth. instit. instit. 2 catol. et 1 luth.
Barlewice 40 enfants cathol et 9 enfants luth. instit. luthér. instit. 1 luthér.
Mikolajki 150 enfants cathol et 6 enfants luth. instit. luthér. instit. 2 cathol. et 1 luthér.
Klecewko 40 enfants cathol et 6 enfants luth. instit. luthér. instit. 1 luth.
Stary Targ 200 enfants cathol et 16 enfants luth. instit. luthér. instit. 3 cathol. et 1 luthér.
En vu de ces faits et de beaucoup d'autres (pression effectuée de la chaire et par refus de l'absolution) que nous pouvons prouver – le Conseil Populaire du district de Sztum prie <Son excellence Monseigneur Pacelli, Nonce Apostolique à Munich2.gt;
De vouloir:
1. soumettre nos districts à un administrateur, pour le temps du plébiscite.
en outre: 2: nous envoyer des missionnaires polonais pour réveiller l'esprit de la religion catholique
3. au temps de la délimitation des frontières de la Pologne –nous rattacher aux diocèses desquelles nous fumes détachés l'année 1823.
Président du Conseil Populaire <polonais>3
de Sztum
Dr. Pierakovska
Secrétaire: Pawel Nawrocki
Jozef Damanski
K. Romimircki
Pawel Mulionski
Wisniewski
Teofil Kochanski
Majewski
[unserlich]
Rusiczek
[Wriminski]
1Hds. von unbekannter Hand eingefügt, vermutlich von einem der Verfasser.
2Hds. von unbekannter Hand eingefügt, vermutlich von einem der Verfasser.
3Hds. von unbekannter Hand eingefügt, vermutlich von einem der Verfasser.
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