Document no. 494
Schulte, Karl Joseph to Pacelli, Eugenio
Köln, 03 December 1921
En réponse à l'honorée lettre du 25 novembre 1921 Nr. 22430 je m'empresse de vous faire savoir que la lettre du Ministère des Affaires Etrangères du 29 août a. c. a été écrite à mon instigation. Les curés des doyennés de St. Vith, d'Eupen et de Malmédy craignaient, que lors de la transformation imminente de la situation ecclésiastique et politique de ce pays, ils auraient du dommage à subir tant dans leur charge au point de vue du droit canon que dans leurs droits civiques. Ils s'adressèrent donc a moi, leur ordinaire, oralement et par écrit, comme vous voudrez bien le constater par les pièces ci-annexées.1 Ils me demandèrent d'intercéder pour eux auprès du Saint-Siège et du Gouvernement allemand. Faisant droit à leur demande, je me suis adressé par lettre du 3 août au Saint-Siège et en date du 16 août au Ministère des Affaires Etrangères à Berlin.
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A ce dernier j'ai demandé quel serait le sort des traitements et des droits civiques des prêtres, qui par la situation politique seraient forcés de rentrer dans l'archidiocèse de Cologne. Je reçus en réponse la lettre du Secrétaire d'État, Rosen, du 29 août a. c., dont vous voudrez trouver ci-incluse la traduction exacte en langue française.2Après que Son Eminence le Cardinal Secrétaire d'Etat m'eût annoncé par lettre du 10 septembre a. c. Nr. 25161, arrivée ici le 20 septembre a. c., que la bulle d'exécution du nouveau diocèse d'Eupen-Malmédy avait été envoyée au Nonce Apostolique à Bruxelles et qu'Elle m'eût demandé, sur l'ordre de Sa Sainteté, de proposer aux curées du dit territoire, dont la situation vis-à-vis du Gouvernement belge était devenue impossible, de renoncer à leur charge ecclésiastique et de rentrer dans l'archidiocèse de Cologne, je me suis impressé de rendre suite à cette demande en envoyant le même jour la lettre, dont la copie se trouve ci-jointe, aux doyens des doyennés d'Eupen, de Malmédy et de St. Vith.3
La situation du clergé du nouveau diocèse, qui, à peu d'exception près, est originaire d'Alle-
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magne, de contrées où l'on ne parle que l'allemand, de même que la situation de la population catholique indigène, dont 75-80 % sont Allemands et ne parlent que l'allemand, ont besoin de la sollicitude toute spéciale du Saint-Siège. Ce n'est qu'à la dernière minute qu'on a pu empêcher provisoirement l'expulsion déjà ordonnée des ecclésiastiques allemands. Le retour du clergé, qui par suite de la situation politique se trouverait gêné dans son ministère, retour que le Saint Père propose par sollicitude vraiment paternelle, ne pourra se faire que successivement, si l'on veut empêcher des effets désastreux pour la grande majorité des diocésains d'Eupen-Malmédy. Il résulte d'une lettre de Sa Grandeur, l'Evêque de Liège et d'Eupen-Malmédy, en date du 19 novembre, que j'ai l'honneur de joindre à la présente avec ma réponse du 24 novembre, que ma façon de voir est partagée par le pasteur du nouveau diocèse.4 Pour illustrer l'opinion du Gouvernement belge au sujet des ecclésiastiques allemands, je cite les paroles du général Baltia, gouverneur d'Eupen-Malmédy, dans son entretien récent avec un journaliste bruxellois et dans lequel – d'après "Lütticher Zeitung" et "Eupener Nachrichten" – il dit 16v
textuellement ceci: "Le pays et profondément religieux. Le prêtre y est tout-puissant. C'est lui qui entretient dans les cœurs le pioson [sic] du prussianisme". Je sais combien le clergé d'Eupen-Malmédy est blessé par ce jugement aussi injuste qu'injurieux. Mais il ne peut plus être de mon devoir de veiller sur l'honneur du clergé d'Eupen-Malmédy. Depuis qu'il n'est plus soumis à ma juridiction épiscopale, je me suis bien gardé, par obéissance toute naturelle aux directives du Saint-Siège, de m'immiscer dans les affaires ecclésiastiques d'Eupen-Malmédy.Daignez agréer, Excellence, les sentiments de ma haute considération.
De votre Excellence
le très dévoué serviteur
J Card Schulte,
Archevêque de Cologne
1↑An dieser Stelle hds. am linken Seitenrand von unbekannter Hand, vermutlich vom Empfänger notiert: "I II".
2↑An dieser Stelle hds. am linken Seitenrand von unbekannter Hand, vermutlich vom Empfänger notiert: "III".
3↑An dieser Stelle hds. am linken Seitenrand von unbekannter Hand, vermutlich vom Empfänger notiert: "IV".
4↑An dieser Stelle hds. am linken Seitenrand von unbekannter Hand, vermutlich vom Empfänger notiert: "V VI".