Document no. 6373

[Belgische Regierung]: Réponse aux deux notes allemandes su les déportations des Belges, 09 September 1917

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Les deux notes communiqués par le Gouvernement allemand, des 10 décembre 1916 et 26 Juillet 1917, se complètent l'une l'autre et ont pour objet de présenter une justification de la politique suivie par l'Allemagne dans la question des déportations des Belges.Ce plajdyer [sic] méconnait tout à la fois le droit er les faits.C'est le 8 Octobre 1916 que les déportations belges ont commencés. Elles se sont poursuivies sans interruption jusque vers la mi février 1917.
Elles n'ont pas été ordonnés en vertu du droit de réquisition prévu par l'Art. 52 du Règlement de la guerre adopté à la Haye. Cet article n'autorise la réquisition de services de la part des communes et de leurs habitants que pour les besoins de l'armée d'occupation, et en principe que, dans les limites des communes: Les déportations transportent au loin et font travailler pour d'autres besoin.
Aussi les autorités allemandes ont-elles estimés nécessaire de prendre des dispositions particulières pour se croire autorisées à ordonner les déportations générales qu'elles projetaient. Elles ont invoqué soit la nécessité de remédier au chômage qu'aurait causé la politique de l'Angleterre (ordonnance du 15 Mai 1916), soit la nécessité de parer à des calamités affligeant la population (arrêté du 3 Octobre 1916). Les deux motifs étaient des prétextes. Le chômage n'était qu'une suite fatale des réquisitions de l'occupant, de ses accaparements et de son obstination à vouloir entraver les
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travaux communaux. D'autre part aucune calamité n'état à craindre pour le peuple belge si on respectait ses droits, si on ne saisissait pas les ravitaillements organisés par les neutres et si on lassait à sa population valide la liberté de vaquer tranquillement à ses occupations agricoles.
En réalité les déportations n'eurent qu'un but: celui d'apporter de la main d'œuvre au sein de l'Empire et de compléter l'organisation civile qu'on y établissait. Les dispositions particulières qui furent publiées pour les autoriser étaient tout à la fois contraires au droit international et à des promesses très précises. Le droit international ne permet pas à l'occupant d'assimiler tout à coup des civiles paisibles à des délinquants ou plus exactement à des prisonniers de guerre, de les priver de leur liberté, de les transporter loin de leur famille hors de leur patrie et de les contraindre à des travaux pour l'Etat ennemi. Ajoutez que l'occupant avait fait dans le pays des promesses catégoriques afin de ramener dans leur foyer les habitants qui, apeurés et pleins de méfiance, s'étaient réfugiés à l'étranger; il avait publié en Belgique et en Hollande, que les jeunes gens n'avaient pas à craindre d'être emmenés en Allemagne pour y être employés à des travaux forcés. L'assurance était formelle et le Gouvernement Allemand fut obligé de le reconnaitre dans ses négociations avec la Hollande en 1917. Le Cardinal de Malines avait d'ailleurs eu soin de demander au baron von der Goltz, Gouverneur Général, de ratifier ces garanties, sans limites de temps et pour les jeunes gens de tout le pays, et il avait obtenu satisfaction.
Illégitimes dans leur origine juridique, les déportations
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deviennent douloureuses et barbares dans leur exécution.
On comprit tout de suite qu'elles devaient avoir pour conséquence de dégager des militaires allemands retenus par l'agriculture, l'industrie, les service publics et de leur permettre de passer au front. L'âme patriotique des Belges eut un sursaut d'indignation. Grand nombre de déportés refusèrent de travailler. Pour vaincre leur résistance, les moyen les plus cruels furent employés. On les mit au supplice de la faim et du froid, sans égard pour leur vie. Aussi dans divers camps la maladie, et la mort firent de grands ravages? A Soltau et dans ses dépendances, neuf hommes furent gelés en une nuit. Au lazaret de Soltau, e à un moment ou il n'y avait pas d'épidémies, on a compté, par jour et en moyenne, deux morts pendant certains mois, et quatre pendant un autre. Pareille torture a brisé bien des volontés qui paraissaient tenaces. Hélas les déportés qui acceptaient à la fin de travailler n'étaient pas au bout de leur martyre. Un second supplice les attendait. Afin de leur arracher un engagement à terme qui permettrait de les conserver malgré les efforts qu'on ferait pour les délivrer; on usa concurement [sic] de deux moyens. D'une part on les soumit à un régime exténuant, lourd travail, nourriture insuffisante, repos incomplet. Et d'autre part, faisant contraste avec cette rudesse inhumaine, promesse tentatrice d'une situation favorisées s'ils signaient le contract proposé. "Alors, seulement, ainsi que le reconnait le Mémoire allemand, ils étaient traités comme des ouvriers volontaires.
Ces traitements appliqués à plus de 100.000 personnes enlevées de toutes les communes belges, rappellent les exodes de temps anciens que le Manuel sue les lois de la guerre du Grand Etat Major allemand déclarait en 1902 définitivement condamnés par le progrès? Ils
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excitèrent une universelle protestation. L'Espagne, les Etats-Unis, la Suisse et la Hollande n'hésitèrent pas à faire connaître la pénible impression qu'en avaient ressenti leurs populations.
Le 4 Décembre le Souverain Pontife déclara hautement répondre 'le fait d'arracher de paisibles citoyens en grand nombre à leurs foyers et de les emmener au loin au milieu des pleurs d leurs mères, de leurs épouses et de leurs enfants." Il insistat [sic] auprès de l'Empereur d'Allemagne pour obtenir l'Arrêt de cette "iniquité". Le 22 Janvier 1917 il reçût l'assurance que le Gouvernement Allemand se proposait de mettre fin aux déportations et de renvoyer les déportés dans leurs foyers. Avant de exécuter les intentions qu'il annonçait, le Gouvernement Allemand voulut toutefois se faire prier par les Belges. Le 12 Février le Baron von der Lancken informa le Ministre d'Espagne à Bruxelles qui par les notabilités rédigeaient un appel à l'Empereur, cet appel serait entendu. Le 14 Février l'adresse partit pour Berlin signée par les notables, avec en tête la signature du Cardinal. L'Empereur donna "l'assurance que les personnes déportées à tort en Allemagne comme sans travail pourraient rentrer en Belgique sans délai et que les déportations en Allemagne de Belges sans travail cesseraient jusqu'à nouvel ordre." (1)
En fait les déportations furent suspendues à partir de la mi févier, au moins dans les régions belges qui ne faisaient point
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partie de l'étape. C'était un grand résultat.
Mais les rapatriements ne se firent qu'avec beaucoup de peine, échelonnés sur une période de six mois, et dans une mesure incomplète et arbitraire. Le 3 mars la Commission du bilan de l'Empire rappela les instances du Saint Père. Le Gouvernement déclara qu'il s'empresserait de faciliter le retour de tous ceux qui ne désiraient pas rester en Allemagne. Malgré cette nouvelle promesse, on n'y mit guère d'empressement. Dans la région de Wavre par exemple sur 693 déportés, fin avril il n'en était encore revenu qui 108. Il est à se demander si om ne profitait pas de ces délais pour obtenir des engagements et diminuer le nombre des retours. Il a fallu en mai une interpellation dans la section centrale du Reichstag et de nouvelle instances du Nonce en Bavière pour obtenir au moins une apparente exécution des décisions prises en février et en mars. Le Mémoire allemand du 28 Juillet nous assure enfin que tous les Belges "non engagés ont été renvoyés … récemment."
En quel triste état sont apparus aux yeux de leurs concitoyens ces malheureux revenues de l'exil! Choisis pour les déportations par ce que l'examen médical les avait constatés sains et vigoureux, ils revenaient plusieurs atteint de la tuberculose, presque tous anémiés, épuisés, lamentables.
A l'heure présente le domaine de l'Etape belge s'est étendu. Il couvre les deux Flandres et une grande partie des provinces du Hainaut, de Namur et de Luxemburg. Dans cette région, les déportations continuent comme si aucune assurance n'avait été donné et elles se font avec le même brutalité que jadis. Si le haut commandement, comme le dit le Mémoire, donne toujours des ordres pour
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qu'on agisse avec des ménagements et d'égards, il faut regretter que l'on continue à tenir si peu compte de ses instructions.
Aux mois d'avril et de mai derniers, un grand nombre d'hommes ont été enlevés des environs de Mons et du sud du Luxembourg. On n'a pris ni les chômeurs, ni les personnes habituées à de grossiers travaux manuels. Dans la réquisition des travailleurs adressée le 15 Avril à la ville de Mons, il est dit qu'il y a lieu de choisir "en première ligne" les étudiants à partir de 17 ans accomplis, les propriétaires de petits magasins, les employés ou écrivains. "En même temps qu'on enlevait les hommes, on a recensé les femmes et les jeunes filles et jeté l'angoisse dans les familles.
Les déportés de Mons et du Luxembourg furent directement transportés vers les régions du Nord et de l'est de la France pour y travailler à des routes et à des chemins de fer stratégiques, à la mise à pied d'œuvre de matériaux qui doivent consolider les tranchées, au creusement de fosses Destinées à emmagasiner des munitions ou des engins de guerre, besognes qui toutes ont un rapport direct avec les opérations de guerre dirigés contre leur patrie.
On ne déporte plus les Belges en Allemagnes dit le Mémoire. Mais si on les déporte actuellement en France; y a-t-il autre chose qu'un déplacement de l'injustice? Celle-ci n'est elle point passé de l'ouest su sud? N'a-t-on pas vu à la faveur des dispositions impériales, repris par l'autorité militaire dès leur débarquement et expédiés en France?
Naguère l'Etat Major allemand a protesté vivement par ce que de prisonniers se trouvaient `30 kilomètres du front; les déportés
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de Mons ont du travailler à 12 ou 15 kilomètres.
Le Gouvernement Belge ne peut que protester contre toutes ces déportations contraires au droit des gens et aux assurances données.
Le Mémoire allemand dit que pour infirmer les attaques dirigées contre l'administration militaire, les Délégués du Conseil des Flandres auront l'occasion de visiter les colonies d'ouvriers et de se convaincre des conditions dans lesquelles se trouvent ceux-ci. Si le Gouvernement Allemand est disposé à permettre la vérification sur place de la situation des travailleurs belges, on ne peut que se féliciter de cette disposition.
Mais appeler les délégués du prétendu Conseil de Flandre à parcourir les groupes d'ouvriers sera considéré comme une disposition dictée, non par l'intérêt des travailleurs, mais par le dessein de briser l'union qui a toujours existé entre les Belges.
N'est-ce pas sous les apparences d'une bienveillance intervention, chercher à introduire, même dans les lieux d'exil, la propagande poursuivie dans le pays occupé pour semer des germes d'hostilité entre flamands et vallons?
Le Gouvernement allemand a le moyen de permettre une constatation impartiale de la situation: qu'il autorise deus délégués nommés par une Puissance neutre désignée par la Belgique à visiter les travailleurs belges et à les interroger librement et sans la présence intimidante de témoins.
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(1)Le 20 Janvier le Souverain Pontife avait cru pouvoir écrire au Cardinal de Malines qu'il espérait le renvoi "de tous les déportés." D'après le Mémoire allemand il semble que la décision n'aurait comporté que le renvoi "des non chômeurs.
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[Belgische Regierung], Réponse aux deux notes allemandes su les déportations des Belges from 09 September 1917, attachment, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', document no. 6373, URL: www.pacelli-edition.de/en/Document/6373. Last access: 22-12-2024.
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