Dokument-Nr. 18273
Delbrueck, Richard an Pacelli, Eugenio
Berlin, 12. Oktober 1922

Abschrift IIa Va 801 (Ang.)
Excellence,
J'ai l'honneur de vous adresser ci-contre une courte note relative au cas de la communauté allemande de St. Joseph à Porto Alegre, cas auquel, lors de ma dernière visite à Munich, Votre Excellence s'est interessée avec tant de bienveillance. Peut-être puis-je me permettre, à titre tout à fait privé,1 d'ajouter quelques lignes concernant la situation actuelle et la façon dont elle est appréciée chez les Allemands du Brésil et en Allemagne même.
En dépit de son nom allemand, Mgr. l'archevêque Becker a pris, pendant les dernières années, une attitude défavorable et même hostile à la population d'origine allemande au Brésil et soutenu les efforts déployés par certains cercles brésiliens dans le but d'assurer l'assimilation progressive des immigrants allemands. En conséquence la décision de la Congrégation du Concile a malheureusement été regardée par tout le monde comme une approbation de principe accordée par la Curie à cette politique de l'archevêque Becker et à l'ensemble des efforts tentés par ces groupes brésiliens en vue de l'assimiliation qu'ils poursuivent. En se référant au droit canon, Mgr. l'archevêque a provoqué une certaine surprise, étant donné qu'il est de notoriété publique que, dans le nombreux pays, par exemple en Allemagne et en Italie, la prédication et le ministère des âmes, en ce qui concerne les étrangers ou les ressortissants parlant une langue étrangère, continuent à s'exercer dans la langue maternelle des ouailles, comme c'est le cas par
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exemple, pour les Polonais à Berlin et en Westphalie. Le canon 216,4 dispose expressément, en effet, que nulle modification ne peut être apportée aux conditions actuelles sans une autorisation de la Curie et Mgr. Becker ne paraît point avoir reçu cette autorisation.
On pourrait difficilement exagérer l'importance fondamentale de la décision qu'a prise en l'espèce la Congrégation du Concile; il résulte en effet, des plus récentes statistiques qu'il n'y a pas moins de 15 millions de catholiques allemands à l'étranger, qui tiennent à conserver leur mentalité allemande, conformément, d'ailleurs à l'espoir qu'a mis en eux leur patrie. Il est certain que la résistance rencontrée par le Saint Siège dans la population protestante de l'Allemagne s'accroîtra forcément dans une mesure considérable si des faits de l'espèce éveillent l'impression que la Papauté aurait l'intention d'entraver les Allemands fixés à l'étranger dans la conservation de leur nationalité et dans l'usage de leur langue maternelle sur le terrain de la vie religieuse. On doit craindre, que cette impression ne crée de sérieux obstacles aux négociations, déjà si difficiles par elles-même, engagées au sujet du Concordat d'Empire.
Un autre élément mérite encore d'être pris en considération. C'est que les Allemands de l'Amérique du Sud sont pour la plupart des émigrés qui se sont fixés dès avant la guerre dans cette partie du monde et dont l'attitude à l'égard de la République allemande témoigne d'une sympathie assez peu compréhensive, voire même souvent d'une réelle aversion. S'il se montrait que le Gouvernement ré-
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publicain fût efficacement intervenu auprès du Saint Siège en faveur des intérêts religieux et nationaux des Allemands fixés à l'étranger, ce succès contribuerait à fortifier l'unité de la pensée allemande au Brésil et faciliterait considérablement le maintien des relations avec la mère-patrie.
Veuillez agréer,
Excellence,
les assurances de ma plus haute considération.
Votre très dévoué
(signé) Delbrück.
1"à titre ... fait privé" hds. von unbekannter Hand unterstrichen, vermutlich vom Empfänger.
Empfohlene Zitierweise
Delbrueck, Richard an Pacelli, Eugenio vom 12. Oktober 1922, Anlage, in: 'Kritische Online-Edition der Nuntiaturberichte Eugenio Pacellis (1917-1929)', Dokument Nr. 18273, URL: www.pacelli-edition.de/Dokument/18273. Letzter Zugriff am: 26.04.2024.
Online seit 12.01.2016, letzte Änderung am 01.02.2022.